mercredi 12 janvier 2011

RDC : tension politique sur fond de révision de la Constitution (ANALYSE)

(Xinhuanet 12/01/2011)
KINSHASA -- La tension monte d'un cran sur la scène politique de la République démocratique du Congo (RDC), depuis l'annonce faite par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), Lambert Mende, du désir de l'Alliance pour la Majorité présidentielle (AMP) de réviser la Constitution et la loi électorale en vue de ramener le scrutin présidentiel à un seul tour.
Les tenants du pouvoir et les membres de l'opposition livrent à des chaudes empoignades et parfois à des attaques verbales. Les uns et les autres ne laissent passer aucune opportunité pour fustiger la position de l'adversaire.
Pour les membres du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) d'Etienne Tshisekedi, de l'Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamerhe et d'autres partis de l'opposition, cette volonté de réviser la constitution et la loi électorale frise la tricherie.
"L'AMP a peur d'aller au second tour car il sait que son candidat risque de perdre", a expliqué le secrétaire général du MLC, François Muamba.
De son côté, le ministre Lambert Mende soutient que, pour des raisons budgétaire, l'organisation d'un scrutin à un tour s'avère indispensable.
"En outre, nous devons éviter que le second tour ne nous conduise à un conflit identitaire. L'exemple du scrutin à un tour a été valablement réussi en Afrique du Sud", a expliqué le ministre congolais de la Communication.
S'exprimant sur une chaîne de télévision privée, un acteur politique de la Majorité présidentielle a carrément qualifié l'opposition de conglomérat d'irresponsables et d'aventuriers.
Cependant, beaucoup d'observateurs constatent avec amertume que cette question de la révision de la Constitution et de la loi électorale provoque des attitudes diverses qui n'honorent pas la classe politique congolaise.
En effet, au lieu de soutenir leur position par un argumentaire solide et consistant, certains acteurs politiques recourent facilement à l'injure, la délation, la diabolisation, le mensonge, la falsification et la calomnie envers leurs adversaires.
Pourtant, la seule référence, à laquelle tout les Congolais auraient dû se soumettre, est la loi des lois, c'est-à-dire la Constitution.
"Quand bien même des divergences peuvent naître s'agissant de son interprétation, nous devrions tous nous accorder sur l'esprit et la lettre de la loi suprême de notre pays. Mais tels n'est pas le cas malheureusement. Nous hommes politiques se lancent dans des débats qu'iles ne maitrisent même pas", a déploré Rombaut Otaba, journaliste analyste politique au quotidine congolais l'Observateur.
"Concernant le principe de la révision constitutionnelle, les choses claires là-dessus. il existe des articles dans la Constitution votée par référendum en 2006 qui définissent les modalités de cette révision. Se fourvoyer dans un débat où les passions dominent l'intelligence, c'est faire preuve d'une bassesse qui tire la république démocratique du Congo dans la pénombre", a-t-il martelé.
"Vis-à-vis des autres, les politiciens congolais seraient mal appréciés. C'est vraiment donner raison à l'actuel président sénégalais Abdoulaye Wade qui avait déclaré en 1991 que la classe politique congolaise (zaïroise à l'époque) manquait de culture politique. A plusieurs reprises, le ministre européen Karel De Gutch a également critiqué le manque de culture politique des acteurs politiques congolais. Au vu de ce qui se passe il y a lieu de croire à ce que ces personnalités ont déclaré", a soutenu Bruno Matombe, professeur et politologue à l'Université libre de Kinshasa.
Pour un grand nombre d'observateurs, les acteurs politiques congolais doivent cesser de donner au monde l'image d'un pays constitué en majeure partie d'immatures.

Par Luc Roger Mbala
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