mardi 4 janvier 2011

RDC : 4 Janvier 1959, Journée détonatrice qui brisa les chaines coloniales !

Hommage solennel aux vaillants fils et filles du pays qui avaient posé en son temps des actes héroiques qui mirent fin à l,oppression coloniale et esclavagiste, prélude inéluctable à la proclamation de l,indépendance du pays le 30 juin 1960.
Mais cette célébration de la liberté retrouvée ne fut que de courte durée car les ennemis du peuple congolais confisquèrent la souveraineté par le truchement de certains fils du pays corrompus par le pouvoir impérialiste pour instaurer un néocolonialisme plus dégradant que la charte coloniale. Les néocolonialistes congolais appliquèrent les règlent de détruire l,administration publique, socle de tout état digne de ce nom, la déstructuration du tissu économique et social, des infrastructures sanitaires,routières, scolaires,l'appauvrissement inévitable du peuple congolais au profit d,une infime minorité des politiciens véreux plus préoccupés par leur enrichissement sans cause que de s,occuper du développement harmonieux de la communauté nationale.Cet état de choses va s,empirer l,avènement des rebellions soutenues par des puissances extérieures provoquant plus de 6 millions des morts congolais, des pillages à grande échelle de nos ressources naturelles, l,épuration sauvage des autochtones congolais dans les provinces de l,Est, les viols comme armes de destruction certaine de nos populations et l'imposition des sujets étrangers dans les institutions de l'État congolais, toujours avec la complicité de certains fils traitres à la cause nationale.
Le peuple congolais se trouve présentement au plus bas de l'échelle d'évaluation du développement humain contrairement à ce que la nature ou pardon Dieu l,a doté des richesses incommensurables.
Aujourd'hui, en rappelant les événements du 4janvier 1960 chaque congolais(e) doit se convaincre que seule une action d'ampleur révolutionnaire peut le sortir de cet enfermement dans le néocolonialisme dégradant et ne plus faire confiance aux discours mielleux,pleins de promesses jamais tenues, après l'Objectif 80 sous Mobutu, voici le Cheval de Troie avec ses promesses de paix et de mirage de cinq chantiers,tel un pyromane-pompier!
Citoyens(es) l,heure a sonné pour être maîtres chez nous, en nous réappropriant la souveraineté perdue.
POUR L'UPFC
4 janvier 1959 : Que s'est-il réellement passé à YMCA ?
Nous sommes tombés sur un document inédit relatif aux événements du 4 janvier 1959 lorsque la « colonie modèle » s’ébranla tout d’un coup. Les émeutes durèrent trois jours. La police s’avéra incapable de ramener l’ordre. C’est grâce à la Force publique, l’armée coloniale, que la situation fut maîtrisée. A ce propos, nous avons découvert deux rapports sur les incidents survenus sur la place YMCA aujourd’hui Place du 4 janvier. Le premier est celui de l’ABAKO elle-même, tandis que le second est celui d’un administrateur belge témoin devant l’histoire du début des échauffourées entre les Congolais assoiffés de liberté et le pouvoir colonial belge décidé à maintenir le statut quo. Ces deux textes nous donnent une idée des faits et nous éclairent sur le début de ce qui deviendra une véritable insurrection populaire. Aussi vu leur importance, nous avons jugé nécessaire de mettre les deux rapports à la disposition des Mbokatiers tout en y ajoutant des photos de ces événements afin d’illustrer cette journée mémorable. Elles sont tirées du site kasa-vubu.org. Voici donc noir sur blanc le récit des uns et des autres.
Rapport de l'Abako sur les incidents de Léopoldville
La section de Kalamu, en date du 4 janvier 1959, devait tenir une réunion sectionnaire. A cette occasion, elle avait tenu au courant le premier bourgmestre ainsi que les membres. Samedi 3 janvier, veille de la réunion, vers midi, le président de la section, revenant de service, recevait une lettre de M. Tordeur, premier bourgmestre, s'opposant à cette réunion. Son opposition fut tardive, vu que samedi 3 janvier aucune presse ne pourrait communiquer le changement de la date. Le même soir le comité de ladite section remit la lettre de M. le premier bourgmestre au comité central incomplet. Ce dernier consentit le transfert de la réunion à la date du 18 janvier 1959. Le 4 janvier 1959, les membres se sont rendus à l'endroit où devait se tenir la réunion (Home Y.M.C.A.). Le président de la section connaissant l'histoire s'est rendu sur place pour aviser les membres que, par ordre de M. Tordeur, premier bourgmestre, la réunion était différée au 18 janvier 1959. Après avoir rempli sa mission le comité sectionnaire s'est retiré de la place.
Vers deux heures, les membres ne connaissant aucun démenti, se groupèrent. M. Hubert, adjoint au premier bourgmestre, se trouvait lui aussi en place. La tension des hommes, apprenant que la réunion était annulée, fut agitée. Les membres crurent que le comité avait joué une comédie. Tout à coup arrivait M. Duvivier, inspecteur des Associations, qui devait assister à cette réunion. Celui-ci déclara aux membres qu'il n'y avait aucun obstacle pour tenir la réunion. Les membres enthousiasmés par les dires de M. Duvivier se regroupèrent. M. Kasa-Vubu J, président général, habitant à quelques mètres du Home Y.M.C.A. accompagné de M. Nzeza-Nlandu Bd. et de M. Kingotolo A. respectivement fondateur et secrétaire général prirent la décision d'évacuer la foule en lui disant quelques mots en français, en lingala, en kikongo et en kikongo ya Bula Matadi.
« La réunion sectionnaire d'aujourd'hui est reportée au 18 janvier 1959. Vous avez tous le grand désir d'attendre l'essor de votre destinée. Vous avez demandé l'indépendance. Le Gouvernement belge nous fera sa déclaration le 13 courant. Ayez confiance. Les Représentants étudieront la réponse du Gouvernement belge. Partez et ayez foi en votre demande ». Tous crièrent Vive l'Abako! Vive l'indépendance. Après quoi les hommes se dispersèrent. Tout cela ne dura pas plus de quinze minutes. Tout à coup survinrent trois commissaires et une foule de policiers armés. Ceux-ci commencèrent par les arrestations des hommes qui criaient Vive l'indépendance. La foule s'indigna. Pas seulement les arrestations, un commissaire, par l'ordre du premier bourgmestre, revolver en main, tire sur la masse désarmée. Voyant les hommes abattus, la masse employa les pierres pour se défendre, Voilà le fait le plus grave et incivique qui a provoqué les désordres et les incidents de Léopoldville. Le manque d'une collaboration franche et étroite, pendant 80 ans, dans la gérance administrative, sociale et économique. Subir toujours un régime administratif dictatorial. Considérer les habitants du pays comme simples esclaves. Le Noir ne peut pas jouir de l'égalité des droits de l'homme, principe humanitaire. Tout Belge, quel que soit son rang social, est considéré comme un commandant. Telles étaient les pensées agitées dans les esprits des Congolais voyant cette scène de tuerie provoquée par les commissaires belges.
Rapport d’un administrateur belge sur la manifestation « Abako-Kalamu» du dimanche 4 janvier 1959
Arrivée à I'YMCA, Av. Prince Baudouin à 14 h. 00.Foule houleuse en bordure du trottoir; cris et injures au passage des voitures, Attitude menaçante. Entrée de M. R. et moi-même, désignés pour assister à la réunion, dans la parcelle de l'Ymca. Mouvements en sens divers. Une partie de la foule se retire en injuriant l'autorité et les Européens, croyant la réunion interdite par M. le Premier Bourgmestre. Interrogeant quelques passants et apostrophés par d'aucuns, nous déclarons venir assister à la réunion qui n'a nullement été interdite. Injures personnelles à l'égard de M. Tordeur. « Si on n'obéit pas à ce que nous voulons, pas de travail demain, «Indépendance ». Nous constatons l'absence totale de police. Les organisateurs de la manifestation sont introuvables. Retour en masse de la foule dans la cour intérieure de l'Ymca. L'entrée est absolument libre et environ 4.000 Congolais s'y entassent jusque sur les balcons et le toit reliant les deux ailes du bâtiment. Nous sommes les seuls Européens (à part un Blanc non identifié dans la foule) à participer à ce rassemblement. Attente et mouvements divers dans la foule; arrivée de M. le bourgmestre Ngoma. Le journaliste Mobutu, son photographe et M. Lumumba vendant des cartes MNC sont au restaurant. Nous rencontrons également MM. Hubert, Celles, Jessaert au restaurant où ils ont assisté à un dîner des Bateke. Un autre dîner réunissait les dirigeants du Mouvement jeunesse africaine. Les participants à ces deux dîners n'ont pris aucune part à ce qui se passait au dehors du restaurant. Nous nous rendons au domicile de M. Kasa-Vubu et y interrogeons Mme et des Invités, Ils déclarent que Kasa-Vubu est absent et doit se trouver à la réunion; la mauvaise foi des réponses est évidente.
De retour à l'Ymca nous attendons jusqu'à 14 h 45' et assistons dans la foule à l'arrivée fortement ovationnée du leader de l'Abako, accompagné de M. Nzeza-Landu. Nous rencontrons le représentant de la Section Ngiri-Ngiri disant ne pas être seul représentant de section à être étonné de ne rencontrer aucun membre organisateur de la réunion. Leur speech habituel est d'ailleurs prêt. Pas de micro, d'estrade, de place réservée aux dirigeants et délégués. Au centre de la foule dont une partie s'éloigne déjà faute d'entendre un seul mot, Kasa-Vubu et Nzeza-Landu prennent successivement la parole pour haranguer leurs partisans; seuls les rangs immédiatement proches d'eux les comprennent. (...) de l'assistance hurle « Indépendance » que le restant de la foule reprend en choeur. Kasa-Vubu est reconduit à sa voiture sous les acclamations de la foule et notamment «Roi ». Dispersion de l'assistance à 15 h 15'. Les quolibets fusent à notre adresse et à celle de M. Tordeur. Voici de quoi donner le ton : « Macaque », « Nyama Flamand », « Les indigènes en Belgique », « Appliquez l'indépendance », « F... le camp », « Bande de salauds ». Nous subissons bousculades, coups de coude volontaires, crachats à nos pieds, refus de céder le chemin. Nous arrivons à approcher M. N. qui nous dit avoir compris ceci. Allocution Kasa-Vubu : « Nous allons construire notre home. Inutile de discuter longuement aujourd'hui puisqu'on nous a promis une grande déclaration pour le 13. De toute façon, nous n'acceptons que l'indépendance immédiate ». Allocution Nzeza-Landu, répétition des dires de Kasa-Vubu en kikongo : « De plus l'Abako n'est pas réservée aux seuls bakongo. C'est un mouvement politique ouvert à tous les Congolais. Nous voulons nous entendre avec tous les autres mouvements à condition qu'ils définissent clairement leurs intentions pour le moment où l'indépendance aura été acquise.
D'autre part, le tribalisme est un acquis culturel congolais qu'il n'est pas question de renier quoique les grands problèmes doivent se résoudre sur le plan général ». A la sortie la foule se rassemble à nouveau en bordure de l'av. Prince Baudouin et insulte les voitures européennes qui passent. Une voiture non identifiée rangée et qui prenait le départ reçoit quelques pierres. Restés, malgré la hargne des gens qui nous entourent, quelque temps sur le trottoir, nous voyons que le monde se disperse peu à peu. La police est toujours absente. Rentré à mon habitation, je tâche d'obtenir le commissariat de Kalamu sans succès. Au Central le commissaire de garde ne peut nous donner aucun renseignement sur les ordres reçus éventuellement ultérieurement depuis ce matin. La moindre réplique ou réaction de notre part à la grossièreté de la foule aurait certainement sur le champ déclenché une émeute. Nous apprenons par le Commissariat de police que la police s'est rendue sur place après la manifestation pour disperser la foule qui lancerait encore des pierres. Il semble que ce déroulement inhabituel de la réunion est dû au fait que craignant passer outre à l'avertissement de l'Administration et ne voulant pas d'autre part décommander la réunion pour une question de prestige, les dirigeants se sont abstenus de paraître tout en laissant la foule s'amasser au lieu convenu, ce qui ne pouvait que la dépiter, l'inquiéter et l'énerver en se retournant contre l'inévitable sabotage de l'Administration. D'autre part, n'ayant pas pris directement part à cette réunion publique, les organisateurs se croient à l'abri de toute accusation et sanction.
Tiré de ABAKO 1950-1960, Centre de Recherche et d'Information Socio-Politique in Le Potentiel
Traqué par la Force publique, Kasa-Vubu disparaît à Léopoldville
Le meeting de l’Abako n’a pas eu lieu, les partisans étaient mécontents et Léopoldville était en ébullition. Des supporters de V-Club qui revenaient du stade déçus après la défaite de leur équipe face à Mikado s’y sont mêlés. Ce fut alors l’embrasement total. Les forces de l’ordre n’hésitèrent pas de tirer sur les manifestants. Les échauffourées firent 59 morts selon les colons et 120 selon l’Abako dont les leaders furent les uns après les autres appréhendés. Mais leur président, Kasa-Vubu avait disparu. Ce dimanche 4 janvier 1959, le roi Kasa prit la fuite. Où était-il caché? Lui qui n’était que le président d’une simple association culturelle devint tout d’un coup l’homme le plus recherché du Congo, l’ennemi public numéro un. Tout d’un coup, avec des barricades et des check-point Léopoldville devint comme une ville assiégée. Après avoir joué au chat et à la souris, et surtout après avoir erré dans tous les sens, Kasa-Vubu finit par se rendre aux autorités coloniales après 4 jours de clandestinité. Suivez le film de cette journée mouvementée pour le futur président du Congo tel que racontée par le professeur Tshilombo.
Quand il quitte l’Ymca, le dimanche 4 janvier 1959, après avoir décommandé la réunion de l’Abako, Kasa-Vubu se rend calmement chez lui, de l’autre côté de l’avenue Prince Baudouin, l’actuelle avenue Kasa-Vubu. Derrière lui, la violence va éclater, le sang coule et Léopoldville s’embrase. Tous les leaders de l’Abako sont recherchés activement par l’Armée. Kasa-Vubu disparaît pendant quatre jours. Il est introuvable.
Le mythe se crée autour des forces occultes du « Roi Kasa », capable de se rendre invisible. La réalité était plutôt simple : Kasa-Vubu s’était caché et avait changé plusieurs fois des lieux, partant de Léo II (Kintambo) à Yolo, vers Kimwenza. Fatigué, il va se résoudre à Rifflart de se rendre. Incroyable fugue du futur président de la République.
VERS LEO II
Après avoir prononcé son bref discours devant la foule surexcitée à la Place Ymca, Kasa-Vubu rentre chez lui, en face de la Place Ymca. Il se confie à son épouse : « ils sont mécontents, mais je les ai calmés ». Ayant enlevé sa veste et sa cravate, il se dirige à pieds vers son bureau de la Commune de Dendale (l’actuelle commune de Kasa-Vubu). En débouchant sur l’actuel rond-point Gambela, il est surpris par l’extrême agitation de la foule. Un de ses amis le reconnaît, et le prend à bord de sa voiture pour l’amener en catastrophe vers un quartier africain éloigné du centre de la ville, Léo II. Kasa-Vubu se résout à se rapprocher de chez lui.
En prenant l’avenue Prince Baudouin, depuis Léo II, il est ramené, en passant par Bandal et Mboka-Sika (Ngiri-Ngiri), chez un autre ami à Foncobel (l’actuel Kimbangu). Foncobel est en flammes, les magasins des Portugais, Juifs, Grecs sont pillés rageusement et incendiés. Le quartier n’était pas encore totalement bouclé par l’armée.
Le lundi 5 janvier, Kasa-Vubu tente de rentrer chez lui, mais il aperçoit depuis sa cachette un groupe de militaires tirant en l’air sur l’avenue Prince Baudouin. Il craint d’être abattu, et reste chez ses hôtes. Le mardi 6 janvier, la situation évolue dangereusement, Foncobel est en train d’être occupé systématiquement par la Force publique pour mettre fin aux pillages.
ABBE LOYA
Kasa-Vubu quitte sa planque pour se rendre chez le bourgmestre Pinzi, qui habite non loin de là. Il y est aussitôt rejoint par Diomi. Tous deux ont très peur, ils lui apprennent l’arrestation de principaux leaders de l’Abako. Kasa-Vubu sent que ses deux collègues de l’Abako seraient prêts à le trahir. Alors, il leur demande de lui trouver une voiture. Cela étant fait, il les quitte, sans leur dire où il devait se rendre. Il ira en réalité non loin de là, chez les parents de l’abbé Loya, à Yolo-Nord. Heureusement, l’abbé est présent. Ce sont des vieux amis, ils s’embrassent.
Kasa-Vubu demande à son ami d’aller à la Commune, s’il y avait quelques papiers à signer. L’abbé reviendra très déprimé, l’armée est partout. Il apprend en plus que Kasa-Vubu est activement recherché. Il recommande à Kasa-Vubu de ne pas sortir. Kasa-Vubu s’y terre toute la journée du 6 janvier. Les deux amis apprennent que l’armée commence à investir Yolo. Kasa-Vubu veut éviter à son ami d’être arrêté avec lui. Kasa-Vubu se résout à atteindre son fief du Bas-Congo, mais comment faire. L’abbé lui propose de lui prêter une soutane, et d’enduire son visage très clair et ses mains de la cendre. Au soir du 7 janvier, les deux amis vêtus des soutanes roulent sur l’avenue Bay-Pass en traversant Lemba, vers l’Université Lovanium, (Unikin). Du fait du profond respect qu’inspirent les prêtres, ils passent sans heurts tous les barrages dressés par l’Armée. Ils vont se séparer à la bifurcation qui mène vers l’Université et les Cliniques universitaires.
VERS KIMWENZA
En ce mercredi soir, Kasa-Vubu ôte sa soutane et sa chemise blanche qui risquent d’être très visibles. Il les enroule dans un paquet serré. Pour marcher assez aisément, il retire ses chaussures. De temps en temps, il se jette hors de la route pour se cacher quand passe un blindé militaire. Dans ce manège là, il va tomber dans un trou, et aura difficile à s’en extraire. Ayant dépassé le campus, et toute la brousse de l’actuel Kindele, il se dirige vers la mission de Kimwenza, avec l’intention de rejoindre la voie ferrée vers Matadi. Face à un barrage à la mission même, il remet sa soutane et ses souliers. Aux soldats qui l’interrogent, il affirme rentrer à la mission. Sa voix fluette, et son air d’ancien séminariste, en plus de la soutane convainquent les militaires. Etant arrivé à la gare de Kimwenza, il s’engage sur la voie ferrée, mais plus de 20 km plus loin, il est exténué, mort de faim et de fatigue. Il approche d’une maison de cantonnier et frappe. Personne ne répond. Tout le monde a peur, et se terre. A bout de force, il s’assied à l’abri du mur, ôte sa soutane et chaussures, et s’assoupit pendant quelques heures.
DECISION DE SE RENDRE
A l’aube, il reprend sa route le long de la voie ferrée. Malheureusement, il s’est trompé de direction. Il n’est pas en train d’aller vers le Bas-Congo, mais il revient à Léopoldville, et se retrouve à Rifflart. En ce jeudi 8 janvier, les avions militaires font des rotations dans le ciel, tout est bouclé. Les passants commencent à remarquer bizarrement cet étrange «abbé » au visage et mains salis, dont la soutane est maculée et déchirée. Il va frapper chez un ami. Il est midi. Celui-ci l’informe que l’armée venait à peine de perquisitionner le quartier. Les avions ne cessent de tourner au-dessus. Une autre patrouille est prévue pour l’après-midi. Kasa-Vubu sent le danger se rapprocher dangereusement, en plus il fait déjà une forte fièvre. Alors, il décide de se rendre ; au lieu d’être arrêté comme un malfrat.
Ayant rassemblé ses derniers forces, il se remet à marcher vers le pont Matete. De là, il prend un taxi. La voiture est arrêtée plusieurs fois aux barrages, le long du boulevard Leopold II (actuel Lumumba). Kasa-Vubu exhibe ses papiers, heureusement les militaires paraissent ne pas savoir lire. Le taxi approche de la résidence de Kasa-Vubu, et le dépose. Kasa-Vubu règle la note, et recommande au chauffeur : «Mon ami, filez vite. Sinon, vous serez impliqué dans une affaire que vous ne connaissez pas».
Sa maison est ceinturée par une forte présence militaire. Il se présente calmement auprès d’un policier gardant la porte, et leur dit, comme si de rien n’était : «S’il vous plaît, voulez-vous m’ouvrir ?» On le fait entrer. Les policiers téléphonent au Commissariat, d’où deux commissaires font irruption, et l’amènent au commissariat central ; ensuite auprès du procureur-général Lafontaine. Acheminé au camp Léopold (Kokolo), il sera gardé dans une petite cellule. Son procès, avec d’autres leaders de l’Abako va s’ouvrir le 23 janvier. Il sera défendu par Maître Croquez et Van Bilsen : ses futurs conseillers comme chef de l’Etat.

TSHILOMBO MUNYENGAYI,
Assistant à la faculté de droit à l’UNIKIN in Le Potentiel
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