lundi 10 janvier 2011

Niger. Après le choc, les questions

(Le Télégramme 10/01/2011)
Après la mort des otages, Antoine de Léocour et Vincent Delory, des questions restent en suspens. Mais pas question pour autant de polémiquer. Hier, la classe politique s'est montrée très unie et s'inquiète pour la sécurité des ressortissants français présents au Sahel.
Que s'est-il passé?
Antoine de Léocour et Vincent Delory, âgés de 25 ans, étaient à Niamey pour le mariage du premier. Les deux amis d'enfance dînaient vendredi soir dans un restaurant- Le Toulousain - du centre-ville de Niamey, lorsque des hommes armés et enturbannés ont fait irruption. Ils ont alors ciblé les deux jeunes hommes. «Toi et toi, suivez-nous!», leur ont-ils lancé, selon des témoignages. Les Français ont tenté de résister mais finalement ils ont été poussés dans un4x4, immatriculé au Bénin. S'en est suivie une course-poursuite avec les Forces de défense et de sécurité nigériennes. Un premier échange de tirs a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi. À l'issue d'un second affrontement, les corps des deux otages ont été découverts sans vie.
Qui les a enlevés?
La branche maghrébine d'al-Qaïda, Aqmi, qui détient déjà cinq Français au Mali, n'a pas revendiqué cet enlèvement. Mais «un faisceau de présomptions» existe, a déclaré le porte-parole de l'état-major des armées, Thierry Burkhard. Il y a «peu de doutes», a renchéri Alain Juppé.
Fallait-il intervenir?
«La décision, il faut la prendre très vite: soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer», explique l'état-major français. «La crainte, c'était que les otages soient séparés», comme l'ont probablement été les cinq Français enlevés en septembre. Il fallait empêcher les ravisseurs de les emmener au Mali», a souligné le ministère de la Défense. Il s'agissait de «localiser le plus rapidement possible les otages. Le temps joue contre nous dans ce genre de situation», a précisé un spécialiste de la défense. Le but était bien de stopper les ravisseurs et de récupérer les otages. «Nous assumons», a ajouté hier soir Alain Juppé (lire ci-contre).
La France a-t-elle participé?
Si l'armée nigérienne a «très vite» pris en chasse les ravisseurs, l'opération a été très rapidement coordonnée avec des éléments français présents dans la région. Un avion de surveillance français Atlantique-2, basé au Tchad et doté de moyens d'écoute et de vision de nuit, a appuyé l'opération au sol. «A partir de là, on ne les lâche plus. Les ravisseurs tentaient de gagner une zone refuge un peu plus au nord», au Mali, base d'Aqmi, où la situation serait devenue «extrêmement sensible» pour les otages, souligne le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard.
Dans quelles circonstances ont-ils trouvé la mort?
Les corps sans vie des deux Français ont été découverts à l'issue d'un second accrochage entre les ravisseurs et les forces franco-nigériennes, en zone frontalière. «À la vue des premières constatations, il est très probable qu'ils ont été exécutés par les terroristes», avance le colonel Burkhard. «On est sûrs qu'ils n'ont pas été tués par un tir fratricide» des soldats français ou nigériens, renchérit un spécialiste de la défense. Au cours de l'assaut, quatre ravisseurs auraient été tués, selon une source sécuritaire nigérienne qui a évoqué plusieurs morts du côté nigérien. L'état-major français parle, lui, de «plusieurs» ravisseurs «neutralisés». Mais on ignorait hier si tous les ravisseurs avaient été tués ou si certains avaient été capturés ou avaient pu s'enfuir. Quant aux corps des deux Français, ils ont été rapatriés hier à Niamey.
«La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer.»

•L'état-major français
10 janvier 2011
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