lundi 10 janvier 2011

Gabon : Le président de « la Françafrique »

(Infos Gabon 10/01/2011)
Libreville – C’est le nouveau titre que vient de s’auto-bombarder MOA (Mba Obame André) dès son retour à Gabao (Gabon). La nouvelle a été annoncée au siège de l’Union Nationale (UN, opposition) devant des fans littéralement en transe. Découvrons ensemble la nouvelle République françafricaine…
En quittant le Gabon, MOA n’était qu’un simple jacobolier (député). Du moins c’est ce qui était marqué sur son passeport diplomatique. En revenant, le virtuose nous apprend qu’il est désormais le « président de la République ». Ce titre, jure-t-il, il l’a obtenu au cours d’une élection hautement démocratique et où il était le seul candidat.
Se garder d’en rigoler car c’est la stricte vérité. Ce d’autant plus que la composition du collège électoral a été d’une totale transparence : Michel de Bonnecorse, Maurice Delaunay, Maurice Robert, Bob Maloubier, Salles. Inscrits : cinq. Votants : cinq. Suffrage exprimé : cinq. Bulletin blanc ou nul : zéro. A obtenu, le candidat Mba Obame André : cinq voix, soit 100 %.
Même si la réalité de ces chiffres peut facilement être regardée dans un film, ce scrutin est loin d’être une fiction dès lors qu’il a réussi à combler d’allégresse toute la communauté qui a fait le déplacement de l’aéroport accueillir ce « Président » qui a été élu non seulement à l’extérieur, mais en plus dans un studio de cinéma.
En attendant qu’il aille prêter serment auprès de ceux qui ont inversé ces résultats renversants mais ont eu la veine de l’installer au trône de l’écran, MOA peut remercier le Ciel que ses chers compatriotes, heureux cinéphiles, aient cette faculté d’oublier facilement tout ce qu’il leur a dit pour ne croire qu’à ce qui leur est apparu sur le petit écran.
Et là, Mba Obame André peut s’estimer magicien. Parce qu’après avoir prêché, durant toute la campagne et après le vote, aux oreilles de ses fidèles qu’Ali a été élu par la France et les réseaux Français, voilà que lui-même se rend, sans que personne ne l’ait obligé ou invité, aussitôt dans cette même France qui lui a pourtant « volé la victoire » (sic) pour aller concocter un scrutin cinématographique avec ceux-là mêmes qu’il qualifiait, en termes métalliques, d’ « infâmes des réseaux », parce que, jurait-il, il les voyait à l’origine du « hold-up électoral » (resic) dont il a été malheureusement victime. Ça, il faut vraiment le faire.
Il faut effectivement s’appeler MOA pour demander aujourd’hui à ses supporteurs de croire aux boniments de deux ressortissants Français après avoir, à l’issu du cote d’août 2009, encouragé les populations de Port-Gentil à ouvrir la chasse aux Français et à incendier leurs habitations. Et c’est le même Mba Obame qui vient nous dire, l’air de rien, que la vérité de ce scrutin est maintenant détenue par ces Français. Une vraie chance que ceux-ci soient toujours en vie. Vous-vous imaginez qu’on les aurait tous massacrés, qui serait venu aujourd’hui faire de MOA le président du film.
Heureusement que tout est bien qui finit bien. Grâce à son cinéma à Paris, le cinéma est parvenu à faire de Mba Obame André, non pas après un second tour mais après un simple tournage, le président du pays d’un film, celui de la Françafrique. La république Françafricaine est ainsi de fait constituée. Et pour bien montrer qu’il ne s’agit nullement d’une blague, MOA a déclaré très sérieusement qu’il annoncera, dès ce week-end, la composition de son gouvernement. Quant aux autres institutions (Assemblée Nationale, Sénat, Cour constitutionnelle, Conseil National de la Communication, Conseil Economique et Social, Conseil d’Etat, Cour des comptes), elles seront mises en place quand le surdoué trouvera un territoire pour…
Président d’une Françafrique n’ayant qu’un territoire cinématographique, MOA vous demande cependant de la prendre au sérieux. Et sa demande est d’autant plus sérieuse qu’elle n’est pas la première du genre qui a déjà tout aussi été prise au sérieux dans ce pays. Après le scrutin de 1993, son neveu Mba Abessole s’était aussi autoproclamé président de la République de la Haute Conjuration des Résignés (HCR) de Plein Ciel. De même que ledit parent avait inauguré l’ère des gouvernements parallèles en nommant Pierre André Kombila à la tête du sien. On sait ce que cela a donné par la suite.
On ne sait pas si Mba Abessole a cédé gratuitement ses droits d’auteur à son neveu, mais une évidence ne peut échapper à la naïveté de l’observateur : s’il ne copie pas le Saint-Homme, c’est qu’il nous fait tout simplement du Paul Mba Abessole sans Mba Abessole Paul.
Il se trouve seulement qu’en voulant toujours ainsi s’approprier tout ce qui appartient à autrui, MOA finisse par convaincre ses supporteurs que dans son obsession de devenir l’amont et l’aval de la politique nationale, il court le risque de finir non par sur le sable d’une plage, mais sur un sable beaucoup plus ridicule : celui du plagiat.

Par Justin Lagryphe
FIN/INFOSGABON/JL/2010 Source : LA GRIFFE
9 janvier 2011
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