jeudi 13 janvier 2011

Côte d'Ivoire: l'ONU craint l'existence d'un troisième charnier

GENEVE — Le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a expliqué jeudi avoir eu vent de l'existence d'un troisième charnier en Côte d'Ivoire, après deux autres rapportés fin décembre, mais ces informations n'ont pas pu être vérifiées par l'ONU sur place.
"Il y a eu des allégations sur un troisième charnier en Côte d'Ivoire dans un lieu nommé Issia, près de Daloa (centre-ouest)", a expliqué à l'AFP un porte-parole de la Haut commissaire aux droits de l'homme, Rupert Colville.
"Mais l'ONU n'a pas été en mesure d'en vérifier l'existence jusqu'à présent", a-t-il ajouté.
La Haut commissaire, Navy Pillay, avait déjà indiqué le 31 décembre avoir "reçu des rapports relatifs à au moins deux fosses communes" en Côte d'Ivoire sans pouvoir toutefois y accéder.
"Les équipes des Nations Unies ont été empêchées d?accéder aux lieux où auraient été commises ces atrocités et de procéder à des enquêtes", avait alors déploré Mme Pillay.
La responsable onusienne s'était également inquiétée de "menaces et attaques continues contre les patrouilles et le personnel de l?Onuci (mission de l'ONU sur place, ndlr), qui a eu pour effet de limiter leurs opérations et leur capacité à protéger les civils".
Dans la nuit de mardi à mercredi, trois Casques bleus ont été "légèrement blessés" selon l'ONU lors d'une "embuscade" des forces loyales à Laurent Gbagbo, à Abidjan.
Par ailleurs, un porte-parole de l'Onuci a affirmé jeudi à l'AFP que trois véhicules des Nations Unies avaient été incendiés dans la matinée dans la capitale ivoirienne par les forces loyales au président Laurent Gbagbo, sans faire état de victimes.
"Nous sommes très préoccupés par ces attaques en Côte d'Ivoire", a poursuivi M. Colville, rappelant que "les attaques contre des soldats de la paix pouvaient être considérés comme des crimes de guerre".
Des experts de l'ONU s'étaient dit fin décembre "profondément préoccupés par les violations importantes des droits de l'homme (en Côte d'Ivoire) qui pourraient constituer des crimes contre l'humanité".
Alors que de nombreuses informations sur des disparitions forcées ou involontaires, des détentions arbitraires, des exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ainsi que des actes de violence sexuelle ont été rapportées, Mme Pillay avait encore indiqué le 31 décembre avoir écrit au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo pour lui rappeler ses obligations de protéger les civils.
Elle lui avait rappelé "dans des termes fermes et non équivoques" qu?il serait, comme d'autres personnalités ivoiriennes impliquées, tenu "personnellement responsable des violations des droits de l?homme".
La Côte d'Ivoire, où l'Opération des Nations unies mobilise quelque 9.500 personnes, est plongée depuis l'élection présidentielle du 28 novembre dans une crise qui a fait environ 200 morts selon l'ONU, après les violences provoquées par le refus de Laurent Gbagbo de céder sa place à son rival Alassane Ouattara, reconnu vainqueur du scrutin par la communauté internationale.

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