jeudi 13 janvier 2011

Côte d'Ivoire - Couvre-feu dans deux quartiers d'Abidjan après des violences

(Le Parisien 13/01/2011)
Un couvre-feu a été instauré mercredi soir dans des quartiers d'Abidjan après des affrontements qui ont fait en deux nuits au moins onze tués, dont huit parmi les forces de l'ordre, nouvel accès de violences dans une crise politique ivoirienne toujours sans issue.
Le couvre-feu a été "institué dans les communes d'Abobo et d'Anyama" de 19H00 (locales et GMT) à 06H00 et sera en vigueur jusqu'à vendredi, selon un décret du président sortant Laurent Gbagbo, lu à la télévision publique ivoirienne.
Fief d'Alassane Ouattara, rival de M. Gbagbo pour la présidence, Abobo (nord d'Abidjan) a été ces deux dernières nuits le théâtre de violents affrontements entre des éléments armés et des membres des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo.
M. Ouattara est également fortement implanté dans le quartier voisin d'Anyama.
Le chef d'état-major des FDS a accusé le camp Ouattara d'être à l'origine de ces "attaques armées assimilées à des actes de guerre", qui placent ses forces en position de "légitime défense".
Six policiers et un civil ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi, selon un bilan donné par le ministère de l'Intérieur, et deux civils et deux FDS la nuit précédente.
Les policiers tués dans la nuit de mardi à mercredi ont été "attaqués" au lance-roquettes RPG 7, selon une source policière.
Un agent de sécurité d'une agence bancaire a également été tué, ont constaté des journalistes de l'AFP. Son corps gisait sur le toit d'une maison où il s'était réfugié quand il y a eu des tirs et a été atteint par une balle, selon des témoins.
La même nuit à Abobo, trois Casques bleus de la force onusienne en Côte d'Ivoire (Onuci) ont été "légèrement blessés" dans une "embuscade" tendue par les forces pro-Gbagbo, a affirmé l'Onuci.
Des échanges de tirs "violents" ont été entendus entre minuit et 02H00, selon des témoins. Des coups de feu sporadiques ont continué dans la matinée et le calme était revenu l'après-midi.
Quatre véhicules calcinés, dont deux camionnettes des forces de sécurité, gisaient sur le bord d'une voie express.
Ces violences illustrent un peu plus la persistance de la crise dans laquelle la Côte d'Ivoire est plongée depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, pour laquelle tant Laurent Gbagbo qu'Alassane Ouattara reconnu par la communauté internationale revendiquent la victoire.
Elles interviennent alors qu'une nouvelle médiation africaine est attendue ce week-end à Abidjan, avec la venue du Premier ministre kényan Raila Odinga.
Après un entretien à Nairobi avec le président de la commission de l'Union africaine Jean Ping, M. Odinga a "une nouvelle fois" estimé que le recours à la force contre M. Gbagbo devait être considéré comme un dernier recours.
Le président sortant est sous la menace d'une opération militaire, actuellement en préparation au niveau de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), s'il ne cède pas le pouvoir à son adversaire.
Mais les présidents guinéen Alpha Condé et bissau-guinéen Malam Bacaï Sanha ont appelé à un "règlement pacifique". La force n'est "pas la solution", a aussi jugé le président tchadien Idriss Deby, tout en considérant M. Ouattara comme vainqueur de l'élection.
La crise postélectorale a fait environ 200 morts depuis la mi-décembre, selon un bilan publié la semaine dernière par l'ONU.
Dans un entretien à la chaîne de télévision française Canal+, M. Gbagbo a affirmé que "la Côte d'Ivoire n'est pas au bord d'un bain de sang, n'est pas au bord d'une guerre civile, n'est pas au bord d'un génocide".
Par ailleurs, l'ex-puissance coloniale française a pris le risque de nouvelles tensions avec le camp Gbagbo en entérinant la nomination par M. Ouattara d'un nouvel ambassadeur ivoirien à Paris, Ali Coulibaly, un ancien journaliste qui était jusque-là son conseiller diplomatique.

Pour Paris, il remplace Pierre Kipré, un proche de Laurent Gbagbo.
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