mercredi 13 octobre 2010

Présidentielle en Guinée: les duellistes donnent des signes d’espoir

(L'Observateur Paalga 13/10/2010)
Tirer un trait sur un demi-siècle de dictature, incarnée par des présidents successifs, pour donner aux Guinéens la liberté de désigner celui qui présidera à leurs destinées ; c’est tout l’enjeux du second tour de la présidentielle, qui départagera le soir du 24 octobre prochain Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé.
Pour prendre une part active au rendez-vous de l’histoire, les concitoyens de Sékou Touré, avec engouement et détermination, attendent la tenue de ce scrutin, pour lequel les tensions etchnorégionalistes se sont ravivées, avec en toile de fond des accusations de partialité venant des deux camps et portées contre les acteurs de la transition. Conséquence, le premier président démocratiquement élu de ce pays, qui devait, conformément au calendrier initial, être en train de boucler ses 100 premiers jours au pouvoir, n’est toujours pas connu.
En la matière, la Guinée fait pâle figure devant le voisin ivoirien, qui a battu les records de reports avant de donner enfin une lueur d’espoir pour le 31 octobre. Seulement, le cas guinéen est d’autant singulier que l’actuel président, Sékou Ba Konaté, n’est pas candidat et est même pressé de larguer les amarres.
Et les protagonistes, eux, n’en finissent pas d’ergoter sur la neutralité du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce qui donne l’impression qu’il faudra importer une personne immaculée pour conduire cette pièce maîtresse du processus.
Qu’à cela ne tienne, les deux duellistes semblent avoir compris qu’ils jouaient avec le feu, qui ont commencé, lundi, à donner des signes d’espoir, même si tout le contentieux au sujet de la CENI n’est pas encore vidé.
En effet, le fait est suffisamment rare pour être signalé, les finalistes se sont publiquement serré la main après une rencontre avec le président de la transition, au cours de laquelle ils se sont engagés à former un gouvernement d’union nationale avec les éléments du perdant.
Si les deux leaders ont du respect pour leur peuple et se soucient des intérêts de celui-ci, ils n’ont pas d’autre choix que de se donner la main pour reconstruire un pays ruiné depuis par la mal gouvernance. En disant non au général de Gaulle le 28 septembre 1958, le château d’eau de l’Afrique occidentale avait prouvé la fierté de l’homme noir face à l’ancienne métropole, entrant ainsi de fort belle manière dans l’histoire.
Malheureusement, ce pays allait vite sombrer dans le contre-exemple du fait des agissements de son premier magistrat suprême, Sékou Touré, qui pourtant avait reconnu que "la vie d’un homme va de zéro à cent alors que celle d’un peuple, une fois bien construite, va de zéro à l’infini".
Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo devraient donc méditer sur cette sagesse, même si elle n’émane pas d’un homme exemplaire, en vue de bien construire la vie de leur peuple commun dans le pardon, la tolérance et le don de soi. Croisons donc les doigts pour que le pas déjà franchi lundi soit suivi d’autres sur le chemin de la paix.
Abdou Karim Sawadogo
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