vendredi 8 octobre 2010

Niger -Et si Aqmi exigeait le départ d'Areva du Niger ?

(TF1 08/10/2010)
Analyse - Que se passerait-il si la branche maghrébine d'Al-Qaïda demandait au groupe français de quitter le Niger, sous peine de nouvelles actions ? Les réponses de Liseron Boudoul, qui revient de Niamey.
En 2009, Areva a produit 8.600 tonnes d'uranium naturel directement sorti des mines. 30% de cette production provient du Niger, 70% provient des mines situées au Kazakhstan et au Canada. La production nigérienne est importante mais Areva pourrait s'en passer.
Si l'insécurité augmentait, ou si Aqmi demandait le départ d'Areva du Niger, le groupe nucléaire français ne stopperait pas ses activités. Pourquoi ?
1. En mars 2009, l'ex-président nigérien Tandja a choisi Areva pour l'exploitation de la nouvelle mine d'Imouraren, le deuxième plus grand gisement mondial. Areva y a déjà investi plus d'un milliard d'euros. La mine est prévue pour tourner à plein régime en 2014. C'est un lieu stratégique qui permettra à Areva de rester premier producteur mondial.
2. Si la sécurité ne revient pas et si les Français ne peuvent pas revenir travailler sur le site d'Arlit, ils seront remplacés dans les postes d'expertise par des nigériens. Déjà 99% du personnel est nigérien.
3. Pour l'Etat du Niger, l'uranium représente la première ressource d'exploitation et environ 10.000 emplois. Chaque employé nourrit en moyenne une famille de 10 personnes au Niger. Donc cette exploitation génère d'autres activités qui rapportent aussi à l'Etat. Sur les cinq dernières années, Areva a versé 30 millions d'euros par an à l'Etat nigérien. Celui-ci a donc tout intérêt à lutter contre Al-Qaïda et à pacifier la région pour permettre le développement massif d'industries.
Si toutefois les activités d'Areva devaient s'interrompre pendant un temps, le prix de l'uranium augmenterait certainement. L'alternative immédiate serait de puiser dans les stocks, Areva dispose de 6 mois de stocks sur le territoire français. Pour l'heure, la priorité d'Anne Lauvergeon est la sécurité à Arlit. Areva et le président nigérien, le général Djibo, ont retrouvé un état d'esprit de coopération. Ils ont intérêt à travailler ensemble. L'Etat nigérien a par conséquent renforcé le dispositif de protection des employés à Arlit et l'armée va être équipée de matériel plus efficace (alarmes, armes, véhicules...).
Mais les autorités ont prévenu la présidente du groupe français : l'exploitation au Niger peut continuer si et seulement si les Nigériens en profitent pleinement... A l'heure actuelle, 90% de la population n'a pas d'électricité. L'idée de construction d'une centrale nucléaire au Niger fait son chemin, dans ce pays qui regorge d'uranium.
Par Liseron Boudoul

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