lundi 11 octobre 2010

Guinée -Le président de la CENI face à la justice

(Afrique Actu 08/10/2010)
Elu le 21 septembre 2010 à la tête de la CENI guinéenne, Lousény Camara est, depuis quelques jours, dans la lorgnette de la justice. Décidément il ne fait pas bon être président de la CENI dans ce pays : son prédécesseur, le défunt Ben Sékou Sylla, alors qu’il était déjà moribond, avait été condamné à la sauvette par cette même justice.
Le nouveau patron de la structure chargée de gérer les élections a comparu, hier 7 octobre, devant le tribunal de Dixine. Plusieurs chefs d’accusation pèsent sur lui, notamment ceux de « rétentions de procès-verbaux, et fraudes électorales ». En particulier, il est soupçonné d’avoir tripatouillé 109 procès-verbaux lors du premier tour de la présidentielle du 27 juin 2010. C’est par suite de plainte du leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, que Lousény Camara s’est retrouvé dans le box des accusés.
Deux scénarii se présentent maintenant pour le processus électoral guinéen :
1) Lousény Camara est condamné et déchu de son poste de président de la CENI. Qui pourra alors le remplacer au pied levé pour relever le défi du 24 octobre prochain ? Si, par extraordinaire le premier responsable de la CENI est out, il va bien falloir organiser le deuxième tour, qui ne saurait souffrir d’un nouveau report, à en croire le président de la transition, Sékouba Konaté. Or, le temps de dénicher la personne immaculée pour diriger la CENI, le risque est grand que le processus soit l’objet d’un nouveau retard.
2) L’accusé est blanchi et peut donc continuer à assurer ses fonctions jusqu’au processus ultime, la proclamation des résultats provisoires. Problème : Dalein et ses affidés n’entendent pas voir ce monsieur présider aux destinées de la CENI. Celui qui est arrivé en tête au premier tour agite même la menace du boycott, au cas où Lousény Camara poursuivrait sa fonction.
Eu égard à toutes ces considérations, plusieurs questions taraudent le citoyen lambda :
- comment un seul individu, fût-il puissant au sein de la CENI et sous réserve que l’on en administre la preuve, a-t-il pu trafiquer 109 P.-V. ?
- le fait qu’il soit suspecté d’être un militant du RPG (parti d’Alpha Condé) est-il un empêchement absolu pour diriger la CENI ?
- pourquoi ne pas avoir intenté ce procès plus tôt ?
- enfin, pourquoi préjuger qu’il sera partial à ce second round, tout suspect étant présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie ?
L’ultime tour, c’est dans 16 jours, les Guinéens ont trop attendu : 50 années de plomb et voilà qu’au moment où le bout du tunnel est visible, certains se mettent à retarder cette marche salvatrice, en ergotant, au regard de l’enjeu, sur des détails.
A présent, la responsabilité d’Alpha Condé et de Cellou Dallein Diallo est engagée. S’ils veulent que le pays sorte de cette longue nuit, ça ne tient qu’à eux. Au contraire, si leurs égo prennent le dessus, il est à craindre que la Guinée ne soit précipitée dans l’abîme, et encore pour longtemps. Les deux challengeurs sont interpellés ; à eux de faire la preuve qu’ils ont l’envergure d’homme d’Etat. Un présidentiable, ça avale aussi des couleuvres pour le bien de la Nation.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Publié par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana - L'Observateur Paalga

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