vendredi 15 octobre 2010

Gabon - Un an au pouvoir d'Ali Bongo: Gabon "émergent" ou "énervant, selon les camps

(Cyberpresse 15/10/2010)
LIBREVILLE- Un an après son investiture comme président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, qui a succédé à son père Omar Bongo, ambitionne d'en faire un pays "émergent": un mot devenu un leitmotiv pour ses partisans, une raillerie pour ses détracteurs qui, eux, parlent du Gabon "énervant".
Il l'a martelé pendant sa campagne électorale en 2009, et répété lors de chacune de ses adresses à la nation: il faut "faire du Gabon un pays émergent à l'instar de certains pays (...) qui ont inventé leur chemin".
Pour lui, "l'émergence n'est pas un slogan. L'émergence est un questionnement philosophique sur sa propre condition humaine: que dois-je faire pour changer ma vie, (...) pour être utile à ma famille, à mon pays ?"
Ali Bongo, investi le 16 octobre 2009, a changé la manière de gouverner du pays qui s'enfonçait dans la léthargie lors des dernières années d'Omar Bongo. Il a "lancé des chantiers sur tous les horizons, pris les problèmes à bras-le-corps", commente un conseiller à la présidence.
Pour mettre un terme à la corruption et réduire le train de vie de l'Etat, il a limogé des hauts fonctionnaires, réduit le nombre de ses conseillers et ministres et supprimé plusieurs organismes para-publics.
Sur le plan économique, il a lancé des grands projets d'infrastructures avec la promesse de construction de routes, la relance des stades pour la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2012, l'électrification de tout le territoire ou de grands travaux pour aménager Port-Gentil (sud), la capitale pétrolière.
"Le budget des investissements a été multiplié par quatre, passant d'environ 200 à 800 milliards de FCFA (de 300 millions à 1,2 milliard d'euros)", souligne Faustin Boukoubi, secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG) fondé par Omar Bongo.
Sur le plan social, Ali Bongo a promis d'investir dans les transports publics quasi-inexistants, dans des logements sociaux. Il a instauré un revenu minimum mensuel de 150.000 FCFA (229 euros), incluant primes et allocations, alors que le salaire minimum est de 80.000 FCFA (122 euros).
Il s'est fortement positionné sur le créneau écologique avec notamment l'interdiction d'exportation des grumes de bois brut.
L'opposition estime qu'il s'agit avant tout d'annonces. "Ce n'est pas le Gabon émergent mais le Gabon énervant", entend-on souvent dire en son sein ou dans la rue.
"Une avalanche d'annonces qui donnent le vertige mais sur le terrain... il n'y a rien", affirme l'opposant André Mba Obame, de l'Union nationale (UN).
"Echangeurs ? Rien. Audit des fonctionnaires ? Rien. Audit de la dette ? Rien. Travaux à Port-Gentil ? Rien. L'augmentation des salaires ? Du pipeau!", ironise-t-il, concluant: "On emprunte sans cesse et l'Etat est proche de la banqueroute".
L'opposant Louis Gaston Mayila, de l'Alliance pour le changement et la restauration (ACR), est sur la même longueur d'ondes: "le bilan est calamiteux. Il y a des effets d'annonces avec des décisions irréfléchies. Certains problèmes existaient avant Ali Bongo mais le quotidien des Gabonais a empiré".
Pour Marc Ona, lauréat du Prix Goldman de l'environnement 2009, "il y a de bonnes intentions mais il faut que ces intentions trouvent un début d'application".
"L'objectif de l'interdiction (d'exporter) du bois était de créer des emplois et de faire cesser le commerce illégal. Or, aujourd'hui, les compagnies ont licencié et l'exploitation illégale du bois s'est accélérée", analyse-t-il.
"On s'apercevra à terme que l'interdiction était salutaire, qu'elle va créer des emplois et diversifier les revenus", rétorque M. Boukoubi, pour qui "il y a des mesures courageuses qui remportent l'adhésion des populations et une bonne appréciation de la communauté internationale. Certaines mesures n'ont évidemment pas d'effets immédiats. Quand vous construisez un échangeur, il faut que l'échangeur soit terminé pour en avoir les effets".
Publié le: 15/10/2010 à 07:29:04 GMT
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