vendredi 15 octobre 2010

Début de campagne en Côte d'Ivoire

(Le Figaro 15/10/2010)
Affiches aux quatre coins d'Abidjan, réunions publiques, entrée vendredi en campagne électorale, la Côte d'Ivoire a fait un nouveau pas vers l'élection présidentielle après dix ans de crise et cinq ans de reports, même si le chemin reste semé d'embûches d'ici au 31 octobre.
"C'est le top départ!", titre en Une le quotidien indépendant Soir-Info. Quelques heures après l'ouverture officielle de la campagne, vendredi à minuit, des affiches vantaient les mérites des trois "grands" candidats (sur 14) sur les principaux axes d'Abidjan, baignés de pluie. Le président Laurent Gbagbo, l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ancien premier ministre Alassane Ouattara, qui dominent la vie politique depuis la mort en 1993 du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, s'affronteront pour la première fois.
"La paix est gagnée, maintenant le développement. En avant", proclame sur une affiche le président sortant, en costume et tout sourire, tandis qu'un grand pont rouge file vers l'horizon. "L'homme de la situation", lit-on sur d'autres panneaux. "Notre expérience au service de la jeunesse", promet Henri Konan Bédié, en polo et pouce levé, posant à côté d'un jeune homme sur fond de gratte-ciel ultra-moderne. Il compte aussi mettre son expérience "au service des femmes". Entouré de femmes au marché, d'employés de bureau ou d'ouvriers sur un chantier, Alassane Dramane Ouattara ("ADO") propose avec un large sourire ses "solutions", notamment "un million d'emplois" pour les jeunes.
L'épineuse question de la sécurité
Laurent Gbagbo doit lancer officiellement sa campagne à Man (ouest) et Alassane Ouattara dans un grand hôtel de la capitale économique. "En campagne depuis deux ans", Henri Konan Bédié n'a prévu aucune manifestation aujourd'hui. Sans cesse repoussée depuis la fin du mandat du président Gbagbo en 2005, cette élection est historique après une décennie de crise et le coup d'Etat manqué de 2002, qui a coupé le pays entre un sud loyaliste et un nord tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise ivoirienne, a lancé "un appel solennel" pour "une campagne électorale sans violence". Le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, Youn-jin Choi, a exhorté les candidats à la "maturité" et le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, a prôné "la plus grande sagesse durant cette période sensible".
Parmi les lourds chantiers à achever, outre l'épineuse sécurité pour le jour "J", la distribution de plus de 5,7 millions de cartes d'identité et d'électeur est en effet l'un des plus difficiles. Lancée laborieusement la semaine dernière, l'opération a permis pour l'heure de remettre plus d'un million de cartes à Abidjan et montait en puissance dans l'intérieur du pays, a indiqué l'entourage de Guillaume Soro, chef des FN et Premier ministre depuis l'accord de paix de 2007. Ces "pièces" sont un symbole: les documents n'avaient pas été émis depuis des années dans ce pays de forte et ancienne immigration, déchiré depuis les années 1990 par la querelle de "l'ivoirité" et les tensions intercommunautaires.

15/10/2010
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