jeudi 2 septembre 2010

RDC - Pprd, l’heure de vérité : Commission de discipline pour Kamerhe et compagnie ?

(L'Avenir Quotidien 02/09/2010)
*L’implantation du parti à l’intérieur, Joseph Kabila palpe la réalité. *Ni inquisition, ni fatwa, mais le besoin de crever l’abcès avant d’aller aux élections en 2011.
Vital Kamerhe et compagnie, à quand la commission de discipline ?
L’espace politique congolais est entré dans une phase délicate. Dans tous les Etat-major politiques, ceux qui se prennent au sérieux, l’heure est à la préparation des échéances de 2011. Comme dit un adage cornélien devenu populaire, « Rien ne sert de courir, il faut partir au point ». Il faut donc éviter de confondre vitesse et précipitation.
Aujourd’hui, si ce n’est pas encore le temps de faire la propagande électorale proprement dite, il est temps de mener des actions de marketing en vue de la visibilité. Cela veut dire que c’est le moment d’améliorer les relations du dedans de la famille et du dehors avec les partenaires extérieurs au clan politique. Ce n’est donc pas le moment, au sein des partis politiques de se donner des coups méchants dans le noir. Plutôt, c’est le moment de se soumettre à une autocritique sans complaisance. Puisque ce ne sont pas les premières élections auxquelles le clan politique va participer, il faut à tout prix se poser la question comment on s’était comporté aux élections de 2006, quel est le résultat obtenu, pourquoi, et qu’est-ce qu’il faut faire pour rectifier le tir ? Mais puisque la donne n’est plus la même, avec et pourquoi, affronter les prochaines élections. Quels étaient les adversaires hier, qui seront les adversaires demain, … ?
La plus grande critique qui a été faite aux partis de l’Amp, voire au parti phare de cette plate-forme, à savoir le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (Pprd), c’est de n’avoir pas fait un effort d’implantation dans l’arrière-pays. Au lieu d’une implantation réelle, on a eu dans certains coins du pays une vraie politique de présence trompe-l’œil. Les cadres qui ont été désignés pour implanter les partis politiques, à quelques exceptions près, se sont contentés des rapports mensongers. Ils ont cherché à se bien voir, considérer en utilisant certaines images diffusées dans les médias. Et pourtant, la visibilité du parti, des partis, dans certains coins du pays est nulle. Si quelqu’un prend le courage de demander à tout le monde d’ouvrir les yeux sur ces réalités, il serait malheureux de crier haro sur le baudet en le considérant comme un traître, un mal propre.
La conséquence de la non implantation effective des partis, c’est l’absence de vrais militants. A la place, on aligne des sympathisants, des situationnistes qui font la ronde des partis politiques sans vraies convictions idéologiques. La vente de la carte et les cotisations auraient pu constituer le baromètre des adhésions. Mais, hélas ! On a mobilisé des gens prêts à suivre le courant en lieu et place de raffermir leur engagement au parti contre vents et marrées. Beaucoup croyaient tromper l’initiateur du part ou le secrétaire général du parti, tous les chefs du parti, en leur présentant des illusions. Aujourd’hui, par exemple, le Chef de l’Etat, initiateur du Pprd, touche du doigt la réalité de ce parti politique. Hier c’était dans les deux Kasaï et bientôt dans le Bandundu. Demain, ce sera peut-être le tour du Secrétaire général, les autres autorités morales, de se rendre compte de cette réalité. Comme quoi, le mensonge a des limites.
Le cas Kamerhe
Améliorer les rapports avec l’extérieur suppose surtout que l’on mette fin à une certaine ambivalence, duplicité de situation dans le chef de certains cadres du parti. Il y a par exemple, au sein du Pprd, des gens dont on ne connaît plus la position. Officiellement, ils ont la casquette Pprd. Ils en usent et même en abusent. Avec cette casquette, ils parcourent le monde, voire le pays pour torpiller le parti du dedans. Il aurait été pourtant souhaitable que le monde entier sache ce qu’ils sont devenus. Le cas le plus flagrant est celui de l’ancien speaker de l’Assemblée nationale. Si au niveau de l’institution Assemblée nationale la situation est claire, au niveau du parti rien n’a été fait. Tout se passe comme si la faute pour laquelle l’institution Assemblée nationale l’avait politiquement sanctionné, n’était pas une faute au niveau du parti, organe essentiellement politique. C’est pourtant l’occasion bien indiquée pour la commission de discipline de travailler, de se mettre en évidence. Pour être clair, dans l’opinion on se demande pour quelle raison Vital Kamerhe n’a jamais été entendu à la commission de discipline du Pprd.
Dans certains milieux du parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, on pense qu’il allait de soi que Vital Kamerhe n’était plus avec le parti. Même si dans l’opinion cela n’est pas évident, il y a en dehors de Vital Kamerhe lui-même, certains cadres et militants qui l’ont suivi dans le silence. Beaucoup n’ont plus participé aux activités du parti sans que celui-ci se pose des questions. La commission de discipline ne fait pas son travail à ce sujet. Ces gens continuent à agir comme le ver qui ronge le fruit du dedans. La commission de discipline les aurait appelés pour leur donner l’occasion de crever l’abcès. Il serait préjudiciable que l’on aille aux prochaines élections avec ce douloureux abcès. La loi est claire, lorsqu’un parti politique exclut un membre élu, il garde son mandat.
Si par contre c’est lui quitte le parti, il perd son mandat. On ne devrait pas s’attendre à ce que les gens, les élus, quittent leur parti sachant qu’ils renonceraient par le fait même à leur mandat. Et ce sont les partis politiques qui en souffrent. C’est pourquoi, tout en sachant que les gens partis en silence conserveraient leur mandat, le Pprd devrait prendre le courage de les déclarer partis. Ce ne sont pas des preuves qui manquent pour expliquer leur départ. A notre avis, plutôt que de s’occuper des alliés, le Pprd devrait nettoyer ses propres écuries sans états d’âme.
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