mardi 7 septembre 2010

RDC - J. Kabila à Kigali : Le raïs congolais très remarqué à l’investiture de Kagamé

(L'Avenir Quotidien 07/09/2010)
*Pour l’Afp, Joseph Kabila aura marqué à Kigali la présence la plus spectaculaire. Cette présence est le gage, la preuve de la fin effective de la guerre. *Elu avec 93% des suffrages exprimés pour un nouveau mandat de 7 ans, Paul Kagame devra faire face à une communauté internationale prêt à le dévorer.
. Aussitôt rentré de la longue tournée qui l’a conduit dans trois provinces du pays qu’il a parcourus au volant de sa jeep, Joseph Kabila ne s’est pas offert le moindre prétexte pour ne pas aller assister à l’investiture de Paul Kagame. Quelques présidents du continent dont Faure Eyadema du Togo, Blaise Compaoré de Burkina Faso, Pierre Nkurunziza du Burundi, Mwai Kibaki du Kenya et bien entendu, le Congolais Joseph Kabila. La cérémonie a été organisée au stade national de Kigali, Hamahoro. Ce stade d’environ 30 mille places était pris d’assaut dès l’aube. Paul Kagame est installé pour un second ma ndat de sept ans à l’issue d’un scrutin qu’il a remporté avec près de 93% de suffrages exprimés. Dans ce Rwanda post-génocide, ce score pourrait se comprendre aussi bien par la prudence des dirigeants de trop allonger la corde pour une opposition imprévisible et d’autre par des réserves de la population à amorcer un saut vers l’inconnu. Il va de soi que les choses ne seront plus comme avant. Car, la période post-génocide a commencé et que la légitimité que Paul Kagame avait reçue pour avoir mis fin au génocide est bien là. Les ennuis que les dirigeants rwandais ont actuellement avec la communauté internationale à travers le Haut commissariat de l’Onu pour les droits de l’homme est une preuve de plus que plus personne ne veut bercer Kigali. La politique post-génocide qui a permis à ce pays de se stabiliser devra désormais être passée au peigne fin.
Pour une certaine communauté internationale, les retombées de cette politique sur la sécurité et la stabilité du pays ne comptent pas. Ce qui compte, c’est que la communauté internationale voit le Rwanda s’engager dans la démocratie comme cela se passe partout au monde. L’on se souvient de la querelle entre Mzée Kabila et l’Américaine Albright. Cette dernière, alors secrétaire d’Etat américain, s’étonnait que Mzée Kabila, après la chute de Mobutu, ait maintenu la sécurité du pays. Cela, estimait-elle, démentait la théorie qu’elle enseignait depuis dix ans. Cette théorie établissait qu’après la chute d’un régime totalitaire, il s’ensuivait immédiatement un désordre indescriptible. Elle voulait connaître la recette de Mzée Kabila. Ce dernier lui dira que sa recette pour maintenir l’ordre et la discipline était la mise en congé des politiciens. Cela n’as pas fait l’affaire de l’Américaine qui, aussitôt rentrée dans son pays, appelait Mzée pour lui demander de libéraliser les activités politiques. C’est comme s’il demandait au président congolais de faire sauter la digue pour faire place à l’inondation. Enervé, Mzée lui avait raccroché au nez. C’est une situation commune dans des pays africains. Kigali doit faire avec. C’est un des aspects de la fin de l’état de grâce. Mais, on peut également considérer la reprise avec Kinshasa comme une nouvelle qui impose à Kigali une nouvelle politique, une nouvelle diplomatie. Le deuxième mandat de Paul Kagame sera déterminant, le premier ayant été marqué par la brouille et la guerre par Nkundabatware et le Cndp interposé.
Plusieurs dizaines de milliers de Rwandais sont venus soutenir leur chef. Le chef de l’Etat congolais a été la vedette à cette cérémonie d’investiture. C’est sa première visité au Rwanda depuis qu’il préside aux destinées de la Rdc. Les rencontres entre Kabila et Kagame ont eu lieu ailleurs notamment à Goma dans la province du Nord-Kivu à l’occasion de la rencontre au sommet entre les deux Chefs d’Etat. La deuxième visite de Paul Kagame en Rdc remonte au 30 juin, date de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la Rdc.
L’autre geste qui a frappé le monde, ce sont les opérations militaires conjointes pour traquer les Fdlr, opérations qui ont permis de décrisper les relations entre les deux pays. Cette période qui augurait des lendemains meilleurs entre les deux pays se voit maintenant sous un épais nuage à la suite de l’annonce du rapport du Commissariat de l’Onu aux droits de l’homme accusant Kigali de crime de génocide hutu sur le sol congolais. C’est un vrai problème qu’il faut résoudre. Car, en cas d’un tribunal, les deux pays seront obligés de sauver chacun sa peau.
Kigali a réagi énergiquement contre ce rapport. D’ici le 1er octobre, dans le cas où l’Onu appliquait une politique jusqu’au-boutiste, on ne voit pas ce qui empêcherait le Rwanda de retirer ses 3500 soldats au Darfour. L’Onu devrait y penser dans la mesure où, logiquement, si Kigali ne se retirait pas, l’Onu devrait le lui demander. Sinon comment accepteront-on qu’une armée accusée d’un crime aussi grave puisse porter le brassard de l’armée de paix. Il n’est pas rare que l’Onu veuille une chose et son contraire à la fois.
Pour revenir aux relations entre les deux pays, il faut encore d’efforts pour amener les deux peuples à comprendre et à apprendre à s’interdire d’avoir le regard rivé sur le rétroviseur. Il faut reconnaître que la guerre entre les deux pays avait creusé des sillons de haine surtout chez les Congolais qui n’ont jamais compris la raison pour laquelle Kigali leur avait fait la guerre. Si on ne combat pas cette glace les rencontres au sommet entre dirigeants n’auraient aucun sens. L’Afp, parlant de Joseph Kabila, évoque la « présence la plus spectaculaire des chefs d’Etat assistant à la cérémonie est celle du voisin congolais Joseph Kabila ».

Joachim Diana G.
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