mercredi 8 septembre 2010

PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE: Gbagbo est-il enfin prêt ?

(Le Pays 08/09/2010)
Le président Gbagbo est-il devenu si certain de se succéder à lui-même ? En tout cas, c’est apparemment un acquis : le premier tour de l’élection présidentielle ivoirienne aura définitivement lieu le 31 octobre 2010 prochain. Foi du chef de l’Etat ivoirien, membre du FPI, et de ses deux principaux rivaux : Henri Konan Bédié du PDCI, et Alassane Dramane Ouattara du RDR. Les trois dirigeants seraient aussi parvenus à un accord sur la liste électorale comme sur la sécurisation du scrutin. Toutefois, l’opinion reste sur sa faim puisque le Premier ministre Guillaume Soro qui a présenté les résultats de la rencontre, n’a donné aucun détail de l’accord.
La traditionnelle palabre a donc repris entre acteurs politiques ivoiriens aux bords de la Lagune Ebrié. Cette date, on l’attendait depuis belle lurette. Il y avait une telle fixation autour de son choix que l’on a de la peine à y croire. Aujourd’hui, les trois leaders ivoiriens semblent décidés à se montrer plus sérieux que par le passé. Une particularité de la rencontre des ténors politiques d’Abidjan : on semble avoir choisi de décanter la situation sur place, avant de se retrouver à la table de concertation dans la capitale burkinabè. La rencontre semble avoir bien réussi puisque la bonne humeur exhalait de partout. Mais ce nouvel optimisme signifie-t-il que toutes les difficultés sont aplanies ? Certainement pas. Sans doute y a-t-il un léger mieux ! A commencer par le sempiternel problème de la liste électorale. En effet, ce problème qui est central, est en apparence plus ou moins réglé. Mais le noeud gordien de la crise ivoirienne ne sera-t-il pas invoqué à nouveau ?
Les frères ivoiriens nous ont habitués à un tel scénario et aux sautes d’humeur qui déstabilisent. Aux sourires les plus rassurants ont bien souvent succédé des mines renfrognées à la veille de passer à l’action. Toujours un petit quelque chose qui cloche au dernier moment. Quel autre couac nous réserveraient-ils donc ? Faudrait-il vraiment croire que cette fois sera la bonne ?
Tout récemment, le Premier ministre Guillaume Soro faisait grise mine. Aujourd’hui, il semble plus rassurant après la réunion. C’est même lui qui a annoncé la bonne nouvelle, à savoir que les leaders politiques ivoiriens sont tous partants pour la date du 31 octobre prochain. Que s’est-il passé entre-temps et que se sont-ils vraiment dit ? Si les choses sont telles qu’on les présente, il faut s’en féliciter. Il faut saluer cette détermination née de concertations locales, entre acteurs ivoiriens. On aura finalement mis beaucoup de temps. Peut-être la preuve qu’au moment où l’opinion perdait patience, les choses étaient encore loin d’être au point. Le manque de confiance, de sincérité, de volonté politique, a trop marqué les esprits.
Le camp présidentiel et ses volte-faces historiques à la dernière minute, les propos discordants et les sorties orageuses des "va-t-en guerre", n’auront jamais cessé d’inquiéter et de décevoir. Trop d’obstacles de dernière minute à tel point que même aujourd’hui, l’opinion se demande s’il faut vraiment croire en cette énième profession de foi. Il reste que si personne ne sort du rang, comme le disent les protagonistes eux-mêmes, le 31 octobre sera vraiment la bonne date. A défaut, et si un accord existe réellement, le dénouement de la crise sera effectif. Mais que pourront bien trouver les oiseaux de mauvais augure pour se débiner une nouvelle fois ?
S’agissant en particulier du problème du désarmement, il demeure entier alors que le 31 octobre se rapproche à pas de géant. Il faut absolument que le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro se parlent à ce sujet. Et cela, très sérieusement. Un tel dialogue rassurerait davantage. Mais s’il y a un couac, une quelconque absence de dialogue entre le chef de l’Etat ivoirien et son chef de gouvernement, il y aura inévitablement des problèmes. Il est aisé de deviner que si Gbagbo est favorable à la date convenue, c’est qu’il est effectivement sûr de remporter la victoire.
Il pourrait même s’arranger pour que cela intervienne dès le premier tour. La victoire lui sera d’autant plus acquise qu’il aura pu garder la main haute sur les institutions-clés du système. A tel point que, selon certaines sources, toute autre victoire que celle du candidat président au premier tour, pourrait bien être invalidée. Autrement dit, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge…ivoirienne.

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