samedi 4 septembre 2010

La flambée des prix embrase le Mozambique

(Ouest-France 04/09/2010)
Depuis trois jours, des émeutes de la faim secouent les quartiers pauvres de Maputo, la capitale.En cause, l'explosion des prix des produits de première nécessité.
Après l'essence, le riz et l'électricité, c'est au tour du prix du pain d'exploser au Mozambique, sous l'effet de la hausse récente du cours du blé. Le gouvernement a annoncé, mercredi, une hausse de 17 % à partir du 6 septembre. Affamés, des milliers d'habitants des bidonvilles de Maputo sont descendus dans les rues pour protester.
Les manifestations ont rapidement tourné à l'affrontement avec la police, rappelant les « émeutes de la faim » de 2008, qui avaient fait six morts. Aux jets de pierres des émeutiers, les forces de l'ordre ont répliqué par des balles en caoutchouc, avant d'ouvrir le feu à balles réelles, selon des personnels de santé. Des allégations démenties par la police, mais qui concordent avec le bilan sanglant des heurts : 10 morts et près de 450 blessés.
Mais le gouvernement ne cède pas : « Les hausses de prix sont irréversibles », assène Alberto Nkutumula, le porte-parole. Malgré l'appel au calme du conseil des ministres, la colère n'est pas près de retomber.
Dépendance sud-africaine
80 % des Mozambicains vivent avec moins d'un dollar par jour. Le pays enregistre une croissance moyenne de 7 % par an depuis dix ans, mais la population n'en voit pas la couleur. Ravagé par la guerre civile (1976-1992), le Mozambique peine à reprendre pied. Les infrastructures font cruellement défaut. Résultat, les problèmes d'approvisionnement sont récurrents, ce qui accroît le coût des importations et, par ricochet, le prix de l'alimentation de base.
Surtout, le Mozambique dépend étroitement de ses échanges avec l'Afrique du Sud. Sur l'autoroute N4 qui relie Maputo à la frontière sud-africaine depuis 1999, des cortèges de camions surchargés de denrées alimentaires alignent les allers-retours quotidiennement. Problème : depuis janvier, le rand, la devise sud-africaine, s'est apprécié de 43 %, contribuant également à l'envolée des prix.
Enfin, dernier facteur de l'inflation : l'accaparement des terres fertiles par les firmes européennes, destinées à la production de biocarburants. Du coup, la surface des cultures vivrières s'amenuise et le prix des produits locaux grimpe. Selon un rapport, publié lundi par l'ONG Amis de la Terre, les investisseurs ont des vues sur 4,5 millions d'hectares, soit l'équivalent de la superficie des Pays-Bas.
Alexandre HIÉLARD.
samedi 04 septembre 2010

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