lundi 20 septembre 2010

BURUNDI • Halte à la cupidité de nos chefs d'Etat

(Courrier International 20/09/2010)
Avant d'entamer son deuxième mandat, le président du Burundi, Pierre Nkurunziza vient de déclarer ses avoirs. Un exemplaire à suivre pour les chefs d'Etat du continent.
Selon une classification qui remonte à Aristote, la démocratie est censée être un régime politique où c'est l'ensemble du peuple qui détient la souveraineté, par opposition à l'aristocratie et à la monarchie où c'est un petit groupe ou un seul individu. Si, en théorie, tout le monde a un certain droit de regard sur le choix d'un gouvernement démocratique au moyen de son vote, en réalité le pouvoir reste malgré tout concentré dans les mains d'un petit groupe. En Afrique, c'est souvent à l'intérieur de ce groupe que des fortunes sont bâties, parfois très rapidement.
Dans un quartier de Bujumbura [capitale du Burundi], des villas pharaoniques ont été bâties en moins d'une année. Cela jette la suspicion sur l'origine de ces fortunes rapides. Lorsque quelqu'un est nommé à un poste "juteux " on dit en Kirundi [la langue du Burundi, avec le français] qu'il va pouvoir en profiter, "traire", (gukamisha). "Pouvoir" serait-il synonyme de "Avoir" ?
Le président Nkurunziza [réélu le 28 juin 2010] vient de déclarer ses avoirs. Très bien. Déclarer ses biens, pour autant que l'on soit sincère, c'est donc dire à la population, voici mes biens en accédant au pouvoir. Implicitement, c'est accepter un droit de regard une fois que l'on quitte le pouvoir. Quand on regarde les fortunes scandaleuses de certains présidents africains, ce serait intéressant de savoir ce qu'ils avaient en accédant au pouvoir...

 Antoine Kaburahe . Iwacu
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