mercredi 8 septembre 2010

Afrique du Sud - Les grévistes font la pause

(L'Observateur Paalga 08/09/2010)
C’est vrai que les temps sont durs pour tout le monde, mais, si en face, le pain ne manque pas et un luxe s’étale indécemment aux yeux de ceux qui n’ont même pas le minimum, il n’y a pas d’autre solution que d’agir. Et comme vous le savez, le seul moyen de se faire entendre est la grève. Une arme que tout gouvernement redoute parce que cela conduit le plus souvent à des situations fâcheuses.
En Afrique du Sud, des centaines de milliers de fonctionnaires, qui en ont marre de vivre avec des salaires de famine, ont déclenché une grève depuis le 18 août 2010. Conséquence de ce débrayage, des secteurs comme les hôpitaux et les écoles publiques sont sérieusement paralysés.
Et comme si cela ne suffisait pas, les grévistes défilent dans les villes du pays tous les jours pour faire aboutir leurs revendications malgré la présence des forces de l’ordre. Face à cette situation qui perdure, le gouvernement a mobilisé quelque 4000 militaires dans les hôpitaux pour assurer des soins, la sécurité et le nettoyage.
Il y a trois mois, le pays était en fête et les cœurs étaient à l’unisson des circonstances. C’est-à-dire la coupe du monde 2010 que l’Afrique du Sud a accueilli du 11 juin au 11 juillet. On a presque oublié les soucis du moment pour communier avec le onze national, les Bafana Bafana.
Les vuvuzelas retentissaient dans le ciel arc-en ciel et l’ambiance était surchauffée dans les stades. Mais aujourd’hui, tout cela n’est qu’un souvenir lointain, et quand les clameurs se sont tus, l’autre réalité a du coup fait surface.
Les fonctionnaires ont laissé passer la fête pour sortir leur chapelet de revendications sans même laisser de temps au gouvernement du président Jacob Zuma de recevoir les félicitations du monde sportif pour la parfaite organisation de cette compétition. Ils ont vu ce qui a été réalisé dans le cadre de cette compétition, et le moment est venu pour eux d’entrer en action.
En grève, les travailleurs réclament 8, 6% d’augmentation de salaire et une allocation logement mensuelle de 1000 rands (107 euros, 137 dollars) contre 600 rands aujourd’hui.
Il y a une semaine, le gouvernement leur a fait une nouvelle offre, proposant une hausse des salaires de 7,5% et une allocation logement de 800 rands. Et les fonctionnaires, qui n’entendaient pas la chose de cette oreille, ont fini par accepter les propositions sous la direction de leurs syndicats.
On va donc un peu souffler du côté des hôpitaux, surtout que cette grève devenait de plus en impopulaire. En acceptant de reprendre le travail, les fonctionnaires affirment que cela ne veut pas dire qu’ils ont accepté l’offre du gouvernement.
A voir leur position, il y a fort à parier que c’est une pause et que les choses pourraient repartir de plus belle. Mais force est de reconnaître que l’Etat a fait des efforts, car 7, 5%, ce n’est pas du tout négligeable. Ailleurs, on n’aurait pas craché là-dessus.
Le bons sens devrait guider les syndicats pour qu’ils ne pas la sympathie de ceux qui trouvent que leur lutte est juste. Une telle proposition ne se refuse pas, et il faut à un moment savoir faire la part des choses.
L’amélioration des conditions de vie est une lutte permanente et on l’obtient en faisant preuve d’ingéniosité, même si des moyens préservatifs ont été employés par un gouvernement.

Justin Daboné
© Copyright L'Observateur Paalga

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