mardi 10 août 2010

Togo - Gaz lacrymogènes pour empêcher une réunion de l'opposition

(Le Monde 10/08/2010)
LOME — La police togolaise a fait usage mardi de gaz lacrymogènes pour empêcher la tenue d'un congrès de l'opposition à Lomé et fait plusieurs blessés, selon cette dernière.
La police n'a pas indiqué s'il y avait eu des blessés.
Le congrès dit "extraordinaire" avait été convoqué pour mardi par l?une des deux factions au sein de l'Union des forces de changement (UFC), profondément divisée depuis des mois à cause de l'entrée au gouvernement le 28 mai de certains de ses membres
Lundi les deux factions avaient chacune annoncé la tenue cette semaine d'un "congrès extraordinaire".
Le gouvernement ne reconnaît pas la faction dirigée par Jean-Pierre Fabre, secrétaire général et candidat malheureux de la formation lors de la présidentielle de mars et c'est justement elle qui voulait se réunir mardi.
Celle reconnue est dirigée par Gilchrist Olympio, le président du parti, qui lui, a convoqué son congrès pour jeudi.
Mardi matin, le Foyer de l?Eglise presbytérienne de Nyékonakpoè -l?un des quartiers chauds de Lomé et fief de l?opposition- où devait se tenir la réunion, a été encerclé par des éléments de la gendarmerie.
Des militants arrivés sur les lieux ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par la gendarmerie, a constaté un journaliste de l'AFP.
M. Fabre également arrivé sur les lieux, a dû rebrousser chemin.
"Ce matin, lorsque je suis arrivé sur les lieux, une foule immense attendait, a-t-il déclaré peu après à la chaîne de télévision France 24. Les congressistes étaient déjà là, mais tout le périmètre avait été bouclé par les forces de l'ordre. Il était impossible d'accéder au site où on devait tenir la réunion", a-t-il indiqué.
"La foule s'est avancée avec moi vers le lieu où devait se tenir la réunion et la police a commencé à lancer des grenades lacrymogènes pour disperser, nous sommes partis et nous avons été poursuivis dans toute la ville par les forces de sécurité", a-t-il ajouté sans faire état de blessés.
M. Fabre a affirmé que ce scénario avait été prévu par son mouvement qui a pu se réunir à l'avance. "Et ce soir nous sommes en mesure de publier la liste d'un nouveau bureau national", a-t-il annoncé.
"Gilchrist Olympio dirige un groupe d'individus qui ne représentent qu'eux-mêmes (...). Il a été exclu du bureau national de notre parti en conformité avec les dispositions du statut", a-t-il rappelé, en critiquant le pouvoir qui a pris position dans ce conflit.
"Je ne vois pas pourquoi, alors qu'il y a un conflit dans un parti, le pouvoir en place prend position. Il n'a pas à reconnaître une faction du parti", a affirmé M. Fabre.
L'accord passé par M. Olympio et le parti au pouvoir, le Rassemblement du Peuple togolais (RPT), n'a pas été accepté par les partisans de M. Fabre, ce dernier affirmant qu'il n'avait pas été consulté.
Cet accord avait été qualifié d'"historique" par les observateurs car M. Olympio s'était opposé pendant des décennies au général Gnassingbé Eyadéma, qui dirigea le pays d'une main de fer de 1967 à sa mort en 2005, puis à son fils, l'actuel président Faure Gnassingbé.
Gilchrist Olympio est le fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant, assassiné en 1963 lors d'un coup d'Etat auquel prit part le général Eyadéma.

(AFP)
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