mardi 10 août 2010

Senegal - Première réunion du mouvement Luy Jot Jotna: Gadio demande à Wade de renoncer à sa candidature

(Le Quotidien (Sn) 10/08/2010)
Cheikh Tidiane Gadio, président du Mpc/Luy Jot Jotna soutient que son mouvement a enregistré des «milliers d’adhérents» dont l’Association des cordonniers du Sénégal, l’Association des commerçants de Yeumbeul. M. Gadio est convaincu que «les citoyens sénégalais ont été dessaisis (…) de la décision sur les cours politiques, économiques et sur les grandes orientations dans leur pays».
Le défi de l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise, c’est de bâtir «une nouvelle citoyenneté majeure pour nettoyer les écuries d’Augias et recadrer le débat politique dans notre pays».
«Il y a malheureusement, au Sénégal, un projet que nous estimons extrêmement dangereux pour notre pays ; c’est le projet de dévolution dynastique ou de dévolution monarchique du pouvoir. Nous estimons en toute modestie qu’il y a un Sénégal avant le 8 mai, date de la parution de notre Manifeste, et le Sénégal après le 8 mai, dans la mesure où la césure est très claire. Maintenant, le débat bat son plein sur la dévolution monarchique du pouvoir comme projet qui n’était pas assumé et qui l’est aujourd’hui.
D’ailleurs, certains l’ont même défendu ouvertement. Cela nous rassure parce que cela montre que les Sénégalais sont encore capables de débattre de ce problème, de le faire de façon civilisée. Nous sommes heureux que notre mouvement ait contribué à la prise de conscience nationale, de la gravité qu’il y a autour d’un tel projet qui ne correspond ni à notre culture politique ni à l’histoire politique du Sénégal. C’est à la limite une humiliation. On peut tenter ce genre de projet partout dans le monde, il est extrêmement gênant de vouloir le tenter au Sénégal. Notre Manifeste est très clair là-dessus et nous avons entièrement confiance au peuple sénégalais à s’opposer de façon victorieuse à ce projet.»
L’AFFAISSEMENT DES INSTITUTIONS
«Nous étions un pays phare parmi les pays démocratiques en Afrique ; malheureusement, le Sénégal n’est plus cité en exemple dans beaucoup de pays. Pour la raison évidente que nous avons une situation très grave. Nous avons expliqué l’affaissement des institutions par le projet dynastique (...)
C’est une honte nationale que d’avoir une situation de guerre en Casamance depuis 28 ans et de ne pas en faire la priorité numéro un. Tous les Sénégalais devraient arrêter tout pour qu’on règle la question de la Casamance. Ensuite, nous avons dit que le Sénégal a besoin de se réconcilier avec la classe politique, sur la base d’une nouvelle Constitution que tout le monde doit respecter, dans le cadre de ce que nous avons appelé les bases constitutionnelles et un jeu politique clarifié. Nous avons 165 partis, ça ne fait pas sérieux ! (…) Nous demandons aussi à Abdoulaye Wade de renoncer à son projet dynastique, à se présenter. Cela lui ouvre la porte comme celle qui a été ouverte par le président Senghor, le président Diouf. C’est de la grandeur qu’il y ait des élections libres et transparentes dans notre pays, de mettre l’écharpe au président démocratiquement élu et de sortir par la grande porte. C’est encore possible (…)»
LES PRIORITES DU SENEGAL
«(…) Malgré tout ce qui a été dit, le gouvernement n’arrive pas à recentrer les priorités du Sénégal, sur la Sénélec, les inondations. On ne peut pas convaincre les Sénégalais qu’une Nation aussi ingénieuse, aussi intelligente ne puisse venir à bout des inondations et des délestages. Aujourd’hui, c’est une histoire très grave que nous vivons dans les télécommunications avec Global Voice. J’ai fait un Doctorat en communication et télécommunication. Je suis choqué de voir qu’une décision de ce genre, on l’apprenne un jour comme ça dans les medias. Si Global Voice apporte quelque chose à l’économie sénégalaise, il faut l’expliquer aux gens. Est-ce qu’une compétition a été ouverte pour un provider, c’est-à-dire quelqu’un qui peut fournir un tel service ? Si oui, comment cela a été décidé ? Quel appel d’offres a été fait ? Comment le dépouillement s’est fait ? Surtout expliquer ce que Global Voice apporte aux Sénégalais de l’extérieur, si la facture doit être beaucoup plus chère. En ce moment, les Sénégalais feront le sacrifice et comprendront. Mais, on se retrouve dans un nouveau tourbillon dans un secteur aussi stratégique que les télécommunications. (Avec la grève durant une journée de la Sonatel), nous avons compris que nous vivons dans un monde connecté à 100% et le fait d’être déconnecté pendant quelques heures nous a fait souffrir. Nous devons du respect à la Sona­tel. Notre mouvement lance un ap­pel à ne pas aller en guerre contre elle. Il faut réfléchir au problème que pose Global Voice et en discuter de façon citoyenne plutôt que de con­damner la Sonatel.»
ANNONCE PREMATUREE DES CANDIDATURES
«L’annonce de la candidature du Président a franchement été une di­version malheureuse. Le peuple sé­négalais avait des priorités com­me la Senelec, les inondations, le mon­de rural, l’emploi des jeunes, l’émigration clandestine. Franche­ment, c’est hors sujet. Malheu­reu­sement, quand il (Wade) a lancé sa candidature, mes amis de l’opposition ont engagé le débat sur les candidatures. Conséquence : on a précipité les Sénégalais dans un débat à 2 ans et demi avant les échéances. On met un pays en arrêt en attendant de ré­gler ses propres problèmes de succession ou pour remplacer quelqu’un à la tête du pays. Ce n’est pas une bonne chose. La classe politique dans son ensemble doit faire son mea-culpa. Le débat sur la Prési­den­tielle a été prématuré par rapport aux priorités des Sénégalais. Main­te­nant, ce que nous avons dit sur Rfi et que je répète, c’est que les mouvements politiques sont une offre politique en vue des échéances de 2012. Les Sénégalais entendront un autre son de cloche totalement différent avec des perspectives nouvelles, un discours nouveau, un personnel nouveau. Ceux qui disent que les mouvements citoyens sont créés pour tel ou tel groupe sont totalement à côté, parce que ce n’est pas vrai. Nous ne nous sommes pas constitués pour soutenir, mais pour être une nouvelle voix du peuple sénégalais et nous l’exprimerons le moment venu.»

Propos recueillis par Daouda GBAYA
© Copyright Le Quotidien (Sn)

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