lundi 9 août 2010

Niger - Tandja, épistolier pitoyable

(Bendré 09/08/2010)
Le Conseil consultatif du Niger a débuté jeudi dernier l’examen d’un avant-projet de Constitution, destinée à remplacer la Loi fondamentale suspendue après le renversement du président Mamadou Tandja en février. Le texte doit être transmis au gouvernement et à la junte militaire au pouvoir, qui soumettra sa version finale à référendum le 31 octobre prochain.
Il propose une Constitution de type “semi-présidentiel” réduisant drastiquement les pouvoirs du futur président de la République, qui devra nommer un Premier ministre “sur proposition” de la majorité parlementaire. La durée du mandat présidentiel est de 4 ans (contre 5 auparavant), “renouvelable une seule fois”. Il indique que “nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ou les proroger pour quelque motif que ce soit”. La Cour constitutionnelle aura le pouvoir de “prononcer la destitution” du président “en cas d’empêchement absolu”. Le “refus” de ce dernier “d’obtempérer à un arrêt” de la Cour fait partie des cas “d’empêchement absolu”.
Pendant que le Conseil consultatif examine ce projet de constitution, le cas de Mamadou Tandja, l’ex-président revient au devant de la scène. Au moment où nous bouclions ce numéro, la Cour de justice de la Cedeao devrait avoir à partir du 3 Août 2010, commencé à examiner une plainte déposée contre la junte au pouvoir par la famille de Mamadou.Tandja Elle réclame sa remise en liberté, dénonçant une « détention arbitraire » en violation du droit humanitaire international. C’est dans ce cadre que la Cour de justice de la Cedeao avait prévu une audience, lors de laquelle les avocats de l’ex-président rencontreront les défenseurs de l’État, le 3 août.
Si l’action en justice devait suivre son cours, il ne reste pas moins qu’elle a suscité des polémiques et des débats. La raison principale est que dans une première lettre signée de lui-même, Tandja a demandé à la Cour d’ignorer la requête de sa famille. « Je viens d’apprendre avec surprise et étonnement la saisine des instances de la Cedeao (…) je prie donc votre juridiction [de] ne tenir compte d’aucune plainte déposée à mon nom », écrit-il. Il dit n’avoir mandaté personne pour agir en son nom, ni été consulté par quiconque pour affaire le concernant. L’ancien chef de l’Etat nigérien explique qu’il a appris avec surprise la saisine des instances de la CEDEAO. « Je n’autorise aucune personne ou structure à agir en mon nom », a-t-il ajouté. Il conclut : « Je vous adresse cette correspondance en âme et conscience et libre de toute contrainte ». La Cedeao, elle, a nié avoir reçu un courrier et a ainsi donné suite à l’action initiée par les proches de l’ex-président.
Dans une seconde missive, Tandja demande la clémence du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Il plaide pour l’indulgence de Salou Djibo à son égard concernant la plainte déposée par son clan, dont il se désolidarise « Je m’engage à contacter ma famille, écrit-il, afin que cette procédure soit arrêtée au niveau des instances de la Cedeao ». « Compte tenu de mon état de santé qui nécessite un suivi régulier en milieu spécialisé, je vous prie de bien vouloir reconsidérer votre décision de me mettre à la disposition de la justice », écrit le président.
L’annonce de l’existence des deux lettres a créé une véritable polémique, car d’une part, les uns s’interrogent sur l’authenticité de ces signatures et des correspondances, et d’autre part, les autres se demandent les objectifs poursuivis par Tandja. Pour ces derniers notamment, l’ancien président craint un procès et des investigations sur sa gestion alors que son fils Hadiatoulaye est déjà incarcéré pour fait de corruption. S’il est jugé, l’ancien président devra répondre de ses actes remontant à l’époque où il a tenté de se maintenir au pouvoir au mépris de la Constitution et de l’expiration de son ultime mandat. Il pourrait aussi répondre à des soupçons de malversations révélées par une commission anti-corruption installée par la junte. Faut-il ou non juger Tandja ? La question divise les Nigériens.
Certains estiment que le procès doit avoir lieu du fait que Tandja s’est comporté en délinquant et a menacé la paix au Niger. Ce serait un procès pour l’exemple et à l’adresse des hommes politiques, de la nation nigérienne, de même que ceux de toute l’Afrique où les chefs d’Etat ont pris l’inique habitude de chiffonner les constitutions. Ce serait également faire comprendre à l’ancien homme fort que tout a une limite et qu’il devrait lui aussi subir ce qu’il a fait subir à d’autres.
Une partie de la population milite pour le pardon car, estime-t-on, Tandja a été trompé par ses proches, sa famille politique et le « peuple nigérien ». Il ne serait donc pas responsable de ce qui s’est passé. C’est peut-être trop tard car les choses ont commencé par le truchement des proches de l’ancien président.
Par M.N
Grandeurs et décadences
Il est des dictons et sagesses populaires qui se vérifient au quotidien de notre existence. L’une de ces sagesses qui ont traversé le temps, porte sur la grandeur et la décadence des maitres de ce monde.
Selon une information exclusive RFI, l’ancien président nigérien Mamadou Tandja, en résidence surveillée depuis le coup d’Etat du 18 février dernier ne se reconnait pas dans la plainte pour détention arbitraire devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et prie cette juridiction « de ne tenir compte d’aucune plainte déposée en mon nom ».Mieux , dans une deuxième correspondance, l’ancien maître de Niamey demande la clémence de la junte. Compte tenu de son état de santé, il ne veut pas être mis à la disposition de la justice.
Si le ridicule pouvait tuer…
Il aurait donc existé une plainte de la Famille Tandja et/ou de son parti politique le MNSD (Mouvement national pour la société de développement) qui se mobiliserait pour sa libération. Les juristes et spécialistes du droit disent que la loi ne doit pas s’écrire pour une personne. Tandja et ses laudateurs, ceux qui voulant relire la constitution pour que leur président bien ainé, le seul homme capable du Niger, en prennent aujourd’hui conscience. Eux qui ont encouragé la relecture d’une constitution pour la mettre à hauteur d’un messie nommée Tandja en foulant du pied lois et institutions et marchant sur le Saint Coran, embastillé Moussa Kaka contre l’avis même de la justice nigérienne, laissé mourir des Nigériens en niant la réalité de la famine en 2009, porter le ridicule à la CEDEAO en la faisant paraitre comme vide de pouvoir et de force contraignante (ce qui est d’ailleurs vrai !!) lorsque cette institution a tenté de sauver sa piètre image en rappeler à Tandja les règles élémentaires de gouvernance politique et j’en oublie ; ceux qui criaient vive le Président, alors que ce dernier était plus dictateur qu’autre chose, font aujourd’hui appel à la Cour de justice de la CEDEAO pour détention arbitraire ! Si le ridicule pouvait tuer …,
Et pourtant, la plainte de la famille Tandja et du MNSD, même si elle est récusée par Tandja pose la question de l’équité et de l’égalité devant la loi dans nos Etats qui se construisent. Même Tandja a droit à cette justice. Elle est et doit rester la même pour tout le monde. Et si un régime d’exception accepte de continuer à utiliser une juridiction républicaine alors, ce régime se doit d’appliquer le droit à ceux qu’il prive de liberté. Arrêté depuis huit mois, il est juste de savoir aujourd’hui ce qui est reproché légalement à Tandja et de laisser la justice faire son travail. Du parjure à l’abus de biens sociaux, il est à parier qu’un chef d’accusation au moins peut-être trouver pour présenter devant la justice de son pays M. Tandja. Préparer des élections et assurer une transition pour un régime civil sont des tâches importantes. Restaurer le crédit de la justice en ne permettant pas des détentions en dehors du cadre légale est aussi essentiel. La junte se doit de faire ce travail de transfert du dossier ou non à la justice afin de ne pas plomber le régime civil qui s’installera début 2011.
L’ancien président Tandja a t-il des chances d’avoir un procès (si procès il y a) juste et équitable ? Dans sa lettre à Djibo Salou, le chef de la junte a Niamey, Tandja en appelle à la mansuétude de cet homme qui sait que le « le Niger appartient à tous les Nigériens et qu’il ne peut se développer dans la désunion et l’inégalité ».
Est-ce possible que cet homme imbu de sa personne et de son dessein national puisse écrire cela ? On croit rêver !! Aurait-il été forcé de le faire, lui qui du haut de ses 72 ans avait refusé la sagesse pour le dédain, le mépris et l’ambition ?
Vanité des vanités, tout n’est que vanités et poursuite du vent !!!
Loin des cercles du pouvoir et de ses jeux d’influence, cela nous parait tellement évident. Ces dictions et sagesses construits au fil des expériences nous enseignent la vérité de l’histoire. L’oiseau a beau volé, il finira bien par se poser sur une branche. Qui n’a jamais entendu cette sagesse ?
Et pourtant, certains se refusent à la lire à la preuve de leur parcours. Ils se disent que la véracité de ces mots s’effacera au pied de leur pouvoir. Dans 10 ans qui se souviendra de Tandja ? Pas grand monde.
Si cet exemple nigérien pouvait servir… hélas pour certains, le pouvoir corrompt définitivement !

Par Famaghan Traoré
03/08/2010
© Copyright Bendré

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