mercredi 11 août 2010

Niger - CANDIDATURE DE L’EX-PM DE TANDJA: le peuple saura reconnaître les siens

(Le Pays 11/08/2010)
Le dernier Premier ministre du régime Tandja, Séni Oumarou, a été investi par l’ancien parti présidentiel, le MNSD, pour la présidentielle de mars 2010 au Niger. Cette candidature appelle quelques remarques. On se demande à quoi joue ce parti quand on sait que cet ex-Premier ministre est dans le viseur des instances en charge de la répression des crimes économiques commis sous l’ère Tandja.
Est-ce une provocation à l’endroit de la junte ? En tout cas, on peut penser qu’avec cette candidature de quelqu’un qui est sous le coup d’une enquête, le MNSD fait un peu de la provocation et veut rendre quelque peu difficile d’éventuelles poursuites contre son ex-Premier ministre. En effet, au cas où de telles poursuites étaient diligentées, ce parti pourrait crier aux manoeuvres d’intimidations, aux tentatives de musellement de son candidat, voire à la partialité de l’équipe de transition. Tout cela est possible. Alors, on se demande si la junte n’aurait pas été mieux inspirée si elle avait interdit, ou à tout le moins suspendu, le parti qui a plongé le pays dans cette crise et avait empêché ses dirigeants d’être éligibles pendant un certain temps au moins. Cela n’aurait pas été si sévère que cela au regard du forfait dont ont été coupables ces gens qui, par leur comportement et leurs actes, leur boulimie du pouvoir, ont mis un frein au train de développement de leur pays. Ils auront sacrifié l’intérêt général sur l’autel de leurs intérêts partisans et égoïstes et auront nuit, de ce fait, à leur pays. Le cas des milliards volés par certains de ces anciens dignitaires et qui ont déjà été recouvrés par la commission en charge de la répression des crimes économiques illustre à souhait ces comportements non-patriotiques dont on ne peut avoir que du dégoût, vu surtout l’ampleur de la misère du peuple que ces gouvernants étaient censés servir. Ces gens devaient avoir honte au regard de ce dont ils ont été coupables mais, comme aime le rappeler un professeur de droit de l’Université de Ouagadougou à ses étudiants, "depuis que le ridicule ne tue plus en Afrique, on assiste à des drôles de spectacles". Il est évident que beaucoup de nos aïeux avaient le sens de l’honneur, eux qui n’hésitaient pas si souvent à recourir à la solution la plus radicale -le suicide- quand leur honneur était mis en cause par quelque fait indigne qui leur est, d’une manière ou d’une autre, imputable. Aujourd’hui, de la honte, il y en a qui en feraient volontiers un manteau pour parader dans nos rues.
Certains diront que Séni Oumarou doit bénéficier de la présomption d’innocence et que c’est au peuple de décider. Ce qui n’est pas faux. Seulement, lorsqu’on a un peuple qui croupit dans la misère, la famine, un peuple qui se bat au quotidien pour survivre un jour de plus selon l’expression de Barack Obama, on est en droit de craindre que ce peuple soit manipulable. C’est sûr que Tandja et ses partisans feront tout pour revenir au pouvoir en vue de "terminer leurs chantiers" si maladroitement interrompus selon eux.
Etant entendu que du point de vue légal rien, à ce jour, ne s’oppose à leur candidature, reste à espérer que toutes les dispositions seront prises pour que des fonds détournés ne servent pas à battre campagne et à berner le peuple. Il reste également à espérer que le peuple prouvera qu’il n’est pas si amnésique que cela, qu’il fera preuve de maturité et de lucidité dans ses choix, bref, qu’il saura reconnaître les siens le moment venu.
Car, il est vrai que dans une telle situation, la meilleure manière pour le peuple de réduire à néant ce genre de politiciens prompts à remettre tous ses acquis démocratiques en cause pour des intérêts égoïstes, c’est d’ouvrir les yeux et de leur administrer une correction exemplaire dans les urnes.

Relwendé Auguste SAWADOGO
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