mercredi 11 août 2010

Mali - Délinquance financière: Le mal frôle la gangrène

(Maliweb 11/08/2010)
La corruption est devenue, au Mali, un sport national où, l’homme le plus corrompu est considéré comme un héros national.
En 1991, quand le peuple malien s’est soulevé contre le régime dictatorial du Général Moussa Traoré, c’était pour réclamer plus de justice sociale. Et quand la démocratie avait été instaurée, au prix d’un lourd tribut, les Maliens ont déchanté. Du moins, les plus démunis.
Car, ils sont devenus plus démunis qu’avant. Le vent de la démon- cratie n’a pas soufflé pour eux. La démocratie a été clochardisée. L’espoir a fait place au désespoir. Les martyrs de la révolution de mars 1991 viennent d’être assassinés pour la seconde fois.
Les dix ans de régime ADEMA, ont surtout permis l’émergence de nouveaux « riches ». Ceux qui, durant les 23 ans de dictature du régime de Moussa Traoré, n’avaient pas eu accès aux vannes financières de l’Etat, croyaient leur heure sonner, celle de s’en mettre plein la besace. Durant dix ans, ils vont piller les caisses de l’Etat. En toute impunité. Au grand désarroi d’une population, pauvre, désabusée, trahie, et abandonnée à son triste sort.
Pour donner l’impression de combattre les fossoyeurs des deniers publics, le président Alpha Oumar Konaré, lance sa fameuse lutte anti- corruption en instituant une commission ad hoc, qui siège à l’Assemblée Nationale. En fait, il s’agissait d’une « milice » instituée pour servir les intérêts « politiques » du prince du jour. Après quelques sorties spectaculaires, cette commission va se murer dans un silence assourdissant. Surtout, après l’arrestation et l’inculpation de ses adversaires politiques.
Quand ATT a pris ses quartiers, en 2002, au Palais Louveau, l’espoir renaît. Les Maliens se remettent à rêver d’une société plus rééquilibrée, d’un Etat au sein duquel tous les citoyens sont égaux. Mais très vite, ils ont déchanté. Le héros de la révolution de mars 1991, n’a pas fait que son prédécesseur. Il institue, quand même, le Bureau du Vérificateur général. Un « machin » sans pouvoir réel. Qui produit rapports sur rapports. Plus spectaculaires les uns que les autres.
Alors que le voleur de « 25 FCA » est illico presto conduit en prison, le gros poisson qui pèse des dizaines de milliards doit être ménagé. Présomption d’innocence, oblige, dit le président de la Rue- publique. Qu’a cela ne tienne ! Quelle suite a-t-on donné aux rapports de la commission ad hoc du président Konaré ? Et quelle va être la suite des rapports du Bureau du Vérificateur général ? Serviront-ils seulement comme moyens de chantage ou d’échanges, pour ceux qui auront l’immense honneur d’occuper le Palais Louveau ? Ça en a tout l’air.

Rodrigue
Canard Déchainé
© Copyright Maliweb

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire