samedi 14 août 2010

Liberia, Sierra Leone - Les diamants de l’innocente Naomi Campbell

(Liberation 14/08/2010)
liberia . Contredite notamment par Mia Farrow, la top-model se défend d’avoir menti lors du procès de l’ex-président Charles Taylor.
Naomi Campbell, top-model britannique, maintient son témoignage, pourtant mis en cause lundi et mardi à La Haye (Pays-Bas) par l’actrice américaine Mia Farrow et Carole White, ex-agent du mannequin. Dans un communiqué publié mercredi, Naomi Campbell a fait savoir qu’elle n’avait «rien à gagner» à des mensonges au procès de Charles Taylor.
Goûts de luxe.«Je suis une femme noire qui soutiendra toujours les bonnes causes, surtout si elles sont liées à l’Afrique», répond-elle aux critiques de la presse britannique, qui lui reprochent ses goûts de luxe et son manque de clairvoyance dans l’affaire des diamants de Charles Taylor. A 62 ans, l’ancien président du Liberia est jugé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Naomi Campbell, Londonienne de 40 ans, d’origines jamaïcaine et chinoise, rappelle aussi, quitte à s’éloigner du sujet, qu’elle n’a «jamais travaillé avec des firmes ayant soutenu l’apartheid en Afrique du Sud».
D’abord réticente à toute déclaration sur les diamants que lui aurait donnés Charles Taylor, elle a été contrainte de venir témoigner à La Haye, où le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) l’a convoquée. Là, elle a déclaré ne pas savoir qui lui avait remis en pleine nuit un sachet contenant des diamants bruts, le 26 septembre 1997, après un dîner de charité pour l’enfance organisé par Nelson Mandela, alors président de l’Afrique du Sud. Or, Mia Farrow assure que Naomi Campbell a raconté le lendemain matin avoir reçu un «énorme diamant» de Charles Taylor. Et Carole White affirme qu’elle a «flirté» avec Taylor, qui lui a promis des diamants pendant le dîner.
A la table de Nelson Mandela, ce soir-là, se trouvaient Mia Farrow, le mannequin et son agent, mais aussi le président récemment élu du Liberia, Charles Taylor. Cet homme, qui a déclenché la guerre civile dans son pays (1989-2003), était déjà plus connu pour avoir eu recours à des enfants soldats dans les rangs de sa propre milice, que pour ses œuvres caritatives. Arrêté au Nigeria en mars 2006, Charles Taylor est le premier chef d’Etat africain à comparaître devant la justice internationale. Il est accusé d’avoir financé la guerre civile en Sierra Leone, entre 1991 et 2001, échangeant des armes contre les diamants dont regorge ce petit pays anglophone, voisin du Liberia.
Perpétuité. Dans leurs témoignages, les people qui ont défilé cette semaine au procès ont affirmé n’avoir rien su, à l’époque, de la situation au Liberia ou en Sierra Leone, ni même de l’existence des fameux diamants de la guerre. Le procès, qui devait finir en juin, s’est rouvert en juillet à la demande du procureur pour revenir sur l’épisode Campbell, de manière à récolter une nouvelle preuve contre Charles Taylor. Celui-ci plaide non coupable aux 11 chefs d’inculpation qui pèsent contre lui.
Avec ou sans Naomi, son sort paraît scellé. L’ancien président risque la perpétuité. Parmi les 91 témoins ayant défilé depuis le début du procès, en juin 2007, d’anciens opérateurs radio ayant travaillé pour lui ont raconté dans le détail les transactions armes-diamants menées avec la Sierra Leone. Des éléments «très forts» de preuve, selon Joseph Kamara, procureur adjoint.

Par SABINE CESSOU
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