lundi 9 août 2010

Le Rwanda élit son président

(L'Express 09/08/2010)
Et le résultat semble connu d'avance... Le président sortant Paul Kagame est l'ultra-favori du scrutin qui s'ouvre ce lundi.
Le président sortant Paul Kagame, qui dirige d'une main de fer le "nouveau Rwanda" post-génocide, apparaît comme l'ultra-favori de l'élection présidentielle du 9 août organisée dans un contexte de raidissement du régime et de répression accrue de l'opposition.
Kagame, président du Front patriotique rwandais (FPR), préside aux destinées de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsi en juillet 1994. Il sollicite auprès de cinq millions d'électeurs un nouveau mandat de sept ans après son élection triomphale (plus de 95%) en 2003, la première présidentielle organisée après les massacres.
Face à lui ce lundi, trois candidats issus de petites formations qui l'avaient soutenu en 2003. Au dernier jour de la campagne, il a assuré qu'il quitterait "sans hésitation" le pouvoir en cas d'échec. "S'ils disent (les Rwandais, ndlr) ce 9 août qu'ils ne veulent plus de moi, je n'hésiterai pas à faire mes valises". Mais à dire vrai, sa réélection ne fait aucun doute.
Shows à l'américaine
Tout au long de la campagne, le candidat Kagame, promettant de "poursuivre la bataille pour le développement et pour la paix", aura mobilisé des centaines de milliers de partisans au cours de meetings organisés dans tout le pays et relayés sur internet. Ces shows à l'américaine, impeccablement orchestrés par le FPR, auront été une nouvelle fois l'occasion de louer les progrès du "pays des mille collines" sous la férule de l'ex-chef de guerre.
Fort d'un généreux soutien international, les autorités ont mis en oeuvre une politique volontariste de développement économique, axée sur les services et les nouvelles technologies, ainsi que la modernisation de l'agriculture. Cité en exemple pour sa lutte contre la corruption ou en faveur des femmes, le Rwanda figure parmi les pays les plus en pointe dans la défense de l'environnement. Confronté à la tache herculéenne de réconcilier Hutu et Tutsi, le gouvernement a pu juger la presque totalité des auteurs du génocide, avec l'expérience unique des juridictions gacaca.
Régime autoritaire
Néanmoins, opposants et critiques du régime dénoncent une réussite en trompe l'oeil dissimulant un régime répressif et ultra-autoritaire. A l'approche de la présidentielle, les signes de tension se sont multipliés, avec une "hausse de l'insécurité" et "un nombre croissant de menaces et d'agressions" envers l'opposition, selon Human Rights Watch (HRW).
Des organisations telles que HRW déplorent régulièrement "la répression persistante des droits civils et politiques" et les "restrictions de la liberté d'expression, susceptible d'affecter la stabilité du pays à long terme". Des observateurs s'inquiètent d'une réconciliation de façade, alors que la question ethnique reste explosive, ou d'un fossé toujours plus grand entre villes et campagnes.

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 09/08/2010
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