mardi 17 août 2010

Cote d'Ivoire - Le président Henri Konan Bédié sur la radio allemande “Deutsche Welle”, hier : “Nous ne voulons pas envisager l`hypothèse du report du 31 octobre”

(Le Nouveau Réveil 17/08/2010)
Le candidat du Pdci-Rda à l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, Henri Konan Bédié, a été interviewé par la chaîne nationale allemande Deutsche Welle. Il a, au cours de cet entretien, réitéré sa volonté de voir l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, maintes fois reportée, se tenir au mois d'octobre prochain, date retenue par la Cei et entérinée par un décret du chef de l'Etat. Nous vous proposons l'intégralité de cette interview.
Comment estimez-vous la situation pour la tenue de l'élection en octobre ?
Cela fait cinq ans que nous attendons des élections dans ce pays. Et la situation actuellement, je sais que nous sommes toujours en discussion pour arrêter la liste électorale. Des discussions techniques avec des implications politiques également. Mais quoi qu'il en soit, nous pensons que le 31 octobre, nous irons aux élections dans ce pays si le pouvoir en place ne multiplie pas encore d'autres blocages. Voilà où nous en sommes actuellement.
Quelles sont les questions ouvertes qui devront être résolues avant que l'élection puisse se tenir ?
Il faut d'abord arrêter la liste électorale définitive. Et c'est là-dessus qu'il y a beaucoup de contentieux qui se discutent actuellement. Après, il y a la question du désarmement mais qui n'en est pas une, en ce sens qu'à l'heure actuelle, on peut voter en Côte d'Ivoire.
En ce qui concerne le désarmement, quelles sont vos critiques vis-à-vis du président Gbagbo ?
Nous estimons que la paix quasi générale étant revenue en Côte d'Ivoire, on peut passer aux élections sans autres difficultés ou obstacles artificiels. Ce que nous reprochons au pouvoir en place, c'est de vouloir couper les cheveux en quatre, de vouloir un désarmement intégral avant les élections.
Croyez-vous que la date du 31 octobre est réaliste ?
Nous l'espérons vivement. Nous avons, à six reprises, reporté les élections. Cette fois-ci, il faudrait que tout de même nous soyons sérieux pour respecter la date du 31 octobre.
Est-ce que vous voyez des risques d'éclatement de la violence si l'élection n'a pas lieu avant le 31 octobre ?
Nous espérons vivement que les élections auront le 31 octobre. Nous ne voulons même pas envisager l'hypothèse d'un report encore.
Si vous regardez votre pays, vous êtes depuis longtemps très actif, quels sont les noyaux des conflits qui existent dans votre pays ?
A l'heure actuelle, nous pensons que le fait est établi que le pouvoir en place ne veut pas aller aux élections. Mais à l'origine, on est parti d'un coup d'Etat militaire pour évincer le président que j'étais en place dix mois avant les élections. Ça a été une très grave faute dont nous subissons encore les conséquences.
Est-ce que la répartition des ressources qui existent dans le pays et la présence des différents groupes dans le pays, sont un aspect important du conflit ?
Jusqu'au coup d'Etat, ce n'était là qu'un sujet de conflit. C'est le fait de l'intervention des militaires dans la vie politique qui est à la base des conflits actuels.
Et si vous regardez dans le futur, quelle vision avez-vous de votre pays, quel est le programme de votre parti ?
Le programme, c'est le redressement de la nation. Parce que la dégradation est très avancée dans tous les secteurs de la vie nationale, que ce soit au plan politique, au plan national et au plan économique. Par conséquent après les élections, celui qui sera élu devra faire en sorte de redresser le pays.
Vous êtes l'inventeur de l'ivoirité, une idée d'identification culturelle au début. Est-ce que cette idée est utilisée abusivement par M. Gbagbo et la classe politique ?
Je ne suis pas l'inventeur de l'ivoirité. En fait, qu'entend-on par ivoirité ? Il s'agit là d'un concept touchant l'entité nationale et la culture du pays. Mais ce concept a été galvaudé, dévoyé, utilisé pour des fins politiques par certaines personnes. Mais le problème de l'identité nationale se pose dans tous les pays du monde.
Dans un pays multi ethnique comme le vôtre, cette idée d'ivoirité est importante. Pourquoi ?
Elle est importante chez nous comme elle est importante ailleurs en ce sens qu'il faut à un pays une identité nationale, une identité culturelle. C'est ce que nous faisons en Côte d'Ivoire. Mais ceci étant, la Côte d'Ivoire est un des pays les plus ouverts au monde. 26% de la population, c'est des étrangers. Imaginez ce pourcentage appliqué à votre pays, l'Allemagne, vous verrez un peu ce que cela donnerait comme attitude, comportement ou réaction de la part des Allemands.
La communauté internationale est engagée ici dans le cadre de la mission des Nations Unies et aussi au niveau bilatéral. Pensez-vous qu'une telle présence de cette communauté internationale sera importante pour conduire les élections d'une manière pacifique, transparente ?
Cette présence est nécessaire jusqu'à ce que nous allions aux élections. Elle est nécessaire pour consolider la paix au moins six mois après les élections.
Le pays est ébranlé avec cette crise. Que comptez-vous faire pour ressouder le tissu social si vous êtes porté à la tête du pays ?
C'est ce que je viens de développer. Il s'agit de travailler pour le redressement du pays. Cela suppose une réconciliation, qu'on remette les gens au travail, qu'on développe les programmes dans tous les secteurs qui sont en dégradation très avancée.

Propos retranscris par Paul Koffi
© Copyright Le Nouveau Réveil

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