lundi 9 août 2010

Côte d'Ivoire: cinquante ans d'indépendance et de dépendance

(Liberation 09/08/2010)
C'est reparti pour un tour: la date de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire a été fixée au 31 octobre prochain. La dernière fois, elle avait été prévue pour le 29 novembre 2009. La prudence est donc de mise. D'autant que la liste électorale définitive n'a pas encore été publiée, et que les rebelles du nord du pays sont censés désarmer avant le vote...
Cette annonce a été faite par le Premier ministre Guillaume Soro - souvenez-vous: l'ancien chef rebelle... - à la veille des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance du pays. A cette occasion, de passage à Abidjan, un chercheur français, plus familier de l'Afrique de l'Est que de l'ancien "pré carré" francophone, a été frappé par l'ambivalence du rapport des Ivoiriens (du moins, d'une partie d'entre eux) à l'ancienne puissance coloniale.
Je vous livre son témoignage brut de décoffrage: "Suite à ce qui s'est passé il y a quelques années, l'ambiance est très anti-française mais, en même temps, la France est partout: à Abidjan, on vit à l'heure de Paris (médias, produits de consommation, façon d'être...). A la présidence, il y a encore des vieux Français qui occupent des fonctions d'intendance (par exemple, le payeur...). L'aliénation a été poussée très loin, et ça a fini par faire un effet boomerang des plus désagréables. Mes interlocuteurs étaient très anti-français, mais dès que j'allais à la cafétéria, les serveurs me demandaient en douce mon adresse en France au cas où ils parviendraient à y aller."
"Tous les politiciens ivoiriens ont un logement en France, voire ont un passeport français", note encore notre chercheur, avec surprise. C'est un fait, et cette schizophrénie à l'ivoirienne a sans doute encore de beaux jours devant elle. Avec ou sans Laurent Gbagbo.

Par Thomas Hofnung
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