mercredi 11 août 2010

Benin - Prochaines élections présidentielle et législative: Yayi Boni exige la Lépi pour 2011

(Le Matinal 11/08/2010)
Le président Yayi Boni vient d’achever les tractations en vue d’imposer la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) pour les prochains scrutins législatif et présidentiel. En effet, après le forcing et les autres stratégies à l’Assemblée nationale qui ont débouché sur le recensement porte-à-porte et les autres opérations afférentes à cette Lépi, c’est sur l’article 57 et suivants de la Constitution du 11 Décembre 1990 que le chef de l’Etat compte s’appuyer pour débouter ses adversaires afin d’exiger la Lépi pour 2011. Le joker a été brandi hier au Parlement.
Au terme de l’article 57, alinéa 4, le Président de la République peut demander à l’Assemblée nationale une seconde délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette seconde délibération ne peut être refusée. L’alinéa 5 de la même disposition précise « Si l’Assemblée nationale est en fin de session, cette seconde délibération a lieu d’office lors de la session ordinaire suivante ».
C’est cette disposition de la loi fondamentale que les ténors de la mouvance présidentielle ont exhibé hier lors des travaux en commission pour mettre un terme à la polémique sur l’usage ou non de la Lépi pour les joutes électorales de 2011. En effet, le président Yayi Boni aura su cette fois-ci, jouer ses cartes pour contourner les velléités de l’Union fait la nation et de ses alliés qui refusent une Lépi tronquée. C’est la présidente de la Commission des lois, de l’administration et des droits de l’homme fortement soutenue par le groupe de Karimou Tchabi Sika qui a brandi le joker pour clouer le bec à leurs adversaires.
Mais, le suspense aura été très long. C’est d’abord par un forcing décrié par tous les adversaires que le président Yayi Boni a commencé. Les rencontres au sommet, les communiqués de presse de l’opposition et les appels à l’ordre de la communauté internationale n’ont pas émoussé ses ardeurs. Même la destitution du député Epiphane Quenum qu’il soutenait, était loin de le décourager. Comme s’il savait là où il allait.
Et plus tard, la majorité qui a changé de camp à l’Assemblée nationale ainsi que les autres tentatives de l’opposition pour le mettre devant le fait accompli semblent aussi avoir changé. Il a pu rapidement contourner la modification de la loi sur la Lépi entre temps abrogée et se refugiant toujours derrière sa minorité de blocage avec une lecture raisonnée de la loi fondamentale, Yayi Boni vient d’avoir raison de ses adversaires. Surtout qu’il a su choisir le moment propice pour demander une seconde lecture de la loi modificative de la Lépi. La requête intervenue à la fin de la première session ordinaire renvoie tous les protagonistes à la session budgétaire qui démarre dans la deuxième quinzaine du mois d’octobre. A partir de ce moment, il n’est plus possible de toucher la loi électorale selon les nouvelles règlementations de l’Uemoa. En effet pour des raisons de sécurité dans les élections, aucune loi électorale n’est modifiable au sein de la communauté à partir de 6 mois avant les scrutins. Dans le cadre de la stratégie Yayi Boni, pour rendre applicable la Lépi, il ne reste que 5 mois entre octobre 2010 et mars 2011.
Encore que le président Mathurin Nago qui a toujours la police des débats a la possibilité de programmer cette deuxième lecture de la loi modificative de la Lépi en décembre prochain. Avec un statut que l’opposition continue d’avoir la situation en main, mais c’est la Lépi abrogée qui reste applicable. Parce que le président Yayi Boni ne promulguera pas la loi modificative de la Lépi, sans le risque de violer les dispositions de l’Uemoa. Ainsi, malgré la perte de sa majorité Yayi Boni aura réussi à imposer la Lépi pour 2011.

Jean-Christophe Houngbo (Br.Ouémé-Plateau)
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