lundi 16 août 2010

Benin - Pour apaiser la tension sociopolitique: Kérékou, Zinsou et Soglo en mission pour Yayi

(Le Matinal 16/08/2010)
Devant les risques d’instabilité sociopolitique liés à la crise que traverse le pays, le chef de l’Etat Yayi Boni a décidé de se tourner vers ses prédécesseurs Mathieu Kérékou, Emile Derlin Zinsou et Nicéphore Soglo, sans les concours desquels, toute voie menant à l’apaisement serait introuvable.
Comment rester insensible aux différents courants de pensées et d’opinions qui inondent le pays depuis quelque temps ? Comment ne pas sortir de son mutisme pour apporter son concours aux uns et aux autres qui ont tout perdu dans le scandale Icc-Services ? Même les adversaires du chef de l’Etat admettent qu’il ne faut pas rester insensible à ce que vit le pays et qui est susceptible de déboucher sur une explosion sociale. Les anciens chefs de l’Etat reçus le vendredi 13 août dernier au Palais de la présidence à l’initiative du locataire, ont insisté sur la nécessité de ramener la balle à terre, montrant en filigrane que c’est ce que recherche également Yayi Boni, suffoqué par la série de scandales que le régime du Changement accumule et dont le plus récent et retentissant est l’affaire Icc-Services. Cette affaire éclate dans un contexte politique particulièrement agité, et qui sait, si l’on ne va pas franchir le rubicond à mesure que les élections présidentielle et législative de 2011 approchent. L’ampleur que prend cette crise sociopolitique inquiète sérieusement le Président de la République qui a décidé d’en parler à ceux qui ont déjà eu à occuper le fauteuil présidentiel.
On pourrait a priori lire dans cette attitude de Yayi Boni une volonté affichée de s’inspirer des exemples de ses prédécesseurs pour gérer au mieux la situation. En réalité, c’est que la crise prend une dimension qui dépasse déjà les limites de la Marina. Et en décidant d’en discuter avec Emile Derlin Zinsou, Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo, Yayi Boni veut bien sortir le pays des affres d’Icc-Services et le mettre à l’abri de la tension politique. Et tel que les choses se présentent, il ne fait l’objet d’aucun doute que la situation échappe peu à peu au chef du gouvernement, en panne de solutions pour surmonter ces difficultés auxquelles il est confronté. Les tempêtes qui s’abattent sur la maison du Changement proviendraient à la fois de l’intérieur de l’appareil d’Etat et de l’opposition. Permettez alors qu’on s’attarde sur les tempêtes extérieures, sachant que Yayi Boni peut considérer celles intérieures comme un épiphénomène.
Ce qui fait trembler le président de la République, c’est les coups qu’il reçoit de ses adversaires, qui affichent leur volonté de le traîner devant la Haute Cour de Justice pour de présumés faits dont il est accusé. La rencontre qui a réuni au Palais de la présidence les trois anciens présidents sur invitation de Yayi Boni vise à apaiser les esprits afin de préserver le pays du débordement de colère, qui sans doute mettra à rude épreuve la tranquillité légendaire des Béninois. Il faut qu’on s‘accroche à cette réputation. Il va falloir trouver les moyens de le faire en cherchant à concilier les attitudes et les positions divergentes sur ce qui est aux yeux des anciens présidents un sujet de préoccupation nationale, parlant de l’affaire Icc-Services. Alors que les relations sont actuellement très tendues entre Yayi Boni et l’opposition, le premier nourrit l’espoir de voir Mathieu Kérékou, Emile Derlin Zinsou et Nicéphore Soglo arbitrer le processus de dialogue qu’il a toujours appelé de ses vœux, sans pouvoir le concrétiser parce qu’aux yeux de ses adversaires politiques, ses promesses souffrent de sincérité.
Et le voilà réitérer les mêmes ambitions, confiant à ses prédécesseurs la mission de bons offices. La tache ne s’annonce pas facile aux anciens présidents, même si l’on considère que Nicéphore Soglo est bien placé dans ce rôle en raison de sa position au sein de l’Union fait la Nation, principale force politique hostile au pouvoir. Quant à savoir ce que Mathieu Kérékou peut faire, il ne faut pas négliger ses accointances avec les membres de l’alliance Abt et du G13, qui non plus ne font pas de cadeau au régime en place avec les dossiers de mal gouvernance et de scandales.
Emile Derlin Zinsou bien qu’étant moins flamboyant, entretient de bons rapports avec toutes les alliances. Face à un tel schéma, la question est de savoir si en nourrissant l’espoir que ses adversaires desserrent les poings, le chef de l’Etat qui leur fait les yeux doux est prêt à réviser ses attitudes et à rappeler ses pions à l’ordre.

FN
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