mardi 10 août 2010

Benin - Inquiétantes perspectives pour la présidentielle de 2011 dans le nord: Yayi-Tchané, un duel fratricide à mort

(L'Araignee 10/08/2010)
L’allure que prennent dans le nord Bénin les événements politiques à huit mois de l’élection présidentielle ajustée sur la ferveur trop partisane des populations aussi bien dans le camp de Boni Yayi que dans celui de Bio Tchané annoncent en perspective un duel fratricide impitoyable et sans merci en 2011. Actuellement, dans certaines grandes villes et même contrées reculées du septentrion, la seule évocation du nom d’Abdoulaye Bio Tchané est synonyme d’un état d’âme à double impact.
D’un côté ceux qui acceptent l’homme dans ses ambitions sacerdotales et de l’autre ceux qui ne veulent pas du tout en entendre parler. Cette opposition des aspirations, aussi tacite soit-elle pour le moment, entre deux camps frères reste la véritable énigme de la prochaine élection présidentielle dans les quatre départements du nord à savoir Borgou, Alibori, Atacora et Donga. Si lors de l’élection présidentielle de 1996, précisément le 26 mars des échauffourées entre sudistes soutenant Nicéphore Dieudonné Soglo et nordistes acquis à la cause de Mathieu Kérékou ont eu lieu avec de macabres résultats à la fin des hostilités, cette fois-ci, il s’agit d’un affrontement entre des frères qui s’annonce.
Des signes qui ne trompent pas
Il y a de cela quelques mois une bataille rangée entre partisans d’Abdoulaye Bio Tchané (qui ne s’est même pas encore déclaré candidat pour les échéances électorales de 2011) et des fervents supporteurs du président en exercice Thomas Boni Yayi a eu lieu à Djougou et à Natitingou et ont pour conséquences l’emprisonnement de plusieurs Béninois acquis à la cause du président de la Boad. Cette situation demeure jusqu’à ce jour un contentieux entre les populations déjà assez divisées entre les deux personnalités politiques sans oublier son lot de frustrations quotidiennes qui ne cessent de s’accroître et de se manifester comme ce fut encore le cas le week-end écoulé dans les trois grande villes du septentrion que sont Parakou, Djougou et Natitingou.
En ce qui concerne Parakou, il est important de souligner que c’est la première fois que les populations de l’historique cité des Kobourou reçoivent officiellement la visite de l’actuel président de la Boad. Certes, Abdoulaye Bio Tchané ne peut pas se rendre chez lui à Sèmèrè (Djougou) sans un détour à Parakou, mais s’y rendre accompagné de la liesse populaire et reçu en pompe comme ce fut le cas vendredi dernier était inédit. Et cela n’a pas manqué de réveillé les passions dans le camp d’en face dont les partisans sont automatiquement décidés à en découdre avec les populations proches du visiteur insolite, selon eux : Bataille rangée et coups de poings était le menu. Ce spectacle à la suite de l’arrivée d’Abdoulaye Bio Tchané montre incontestablement que cette porte d’entrée dans le septentrion constitue une poudrière qui peut détonner en 2011 à la moindre étincelle.
La ville de Natitingou et surtout celle de Djougou qui a déjà connu des échauffourées débouchant sur un emprisonnement de certains partisans de Bio Tchané sont sur la même longueur d’onde que Parakou. Dans ces deux villes en effet, en dehors de la tension habituelle très palpable, il y a un fait qui s’observe un peu partout au Bénin depuis l’avènement du régime du changement qui vient fragilisée l’atmosphère déjà surchauffé. Il s’agit des contre manifestations organisées généralement par les mouvanciers sur les mêmes lieux ou villes que les opposants pour mettre à mal leurs initiatives. A Kétou, Dassa et récemment à Cotonou surtout ce phénomène est récurent. Mais dans le septentrion, cela constitue la goutte d’eau qui va faire déborder le vase si l’on n’y prend garde. Tenez !
Vendredi dernier, alors qu’Abdoulaye Bio Tchané était dans la ville de Djogou dans la liesse et la ferveur populaires, deux proches de Boni Yayi, en l’occurrence l’ancien ministre et conseiller Soumanou Toléba et le Dg Sobémap Alassane Djemba sont dans la même ville pour des manifestations, afin de contrer Bio Tchané. Le pire a été évité de justesse. La même scène était au rendez-vous à Natitingou avec deux ministres de Boni Yayi, Modeste Kérékou et Jérôme Kassa avec l’irruption du dernier dans la salle où Bio et Tchané recevait les populations. Cette pratique sur un terrain déjà sulfureux s’accompagne souvent de certains actes de vandalisme.
La jointure de tous ces faits dans leur applicabilité en 2011 sur des socles sociaux déjà incandescents dénote de la rudesse du fratricide combat politique qui s’annonce car, jamais deux candidats du septentrion à la présidentielle ne sont directement affrontés. 2011 de tous les dangers?
Victor NONGNI DABANI
Guerre de leadership à Parakou
La présence du président Abdoulaye Bio Tchané à Parakou ce week – end a été une occasion pour certains de ses partisans de révéler au grand jour les réelles motivations de leur combat aux côtés du can. En effet, si les observateurs qui ont suivi l’homme condamnent les violences enregistrées lors de la cérémonie de prière musulmane à la mosquée centrale, ils déplorent également la guerre de leadership constatée qui sévit dans le groupe alors que rien n’est encore fait. Des personnalités ont donc cru devoir prendre les choses en mains en ignorant le travail à la base fait par leurs compères. C’est ainsi que Aladji Sassif et Georges Sacca n’ont pas été vus lors de la prière à la mosquée. Des « voix autorisées » leur auraient demandé de rester en marge de la cérémonie de prière organisée. Le ministre Arouna Boubacar qui faisait office de protocole au candidat a fait des siennes en annulant de façon discrétionnaire des rendez – vous concoctés par certains notables de Parakou au profit du potentiel candidat au motif que la campagne n’est pas encore ouverte. Le président Bio Tchané doit donc, une fois encore, veiller à la discipline et à l’harmonie au sein de sa troupe.
Vadim QUIRIN
Journal NOUVELLE EXPRESSION 09/08/10
La politique à l’autel
Mgr Agbachi, Evêque de Parakou a reçu vendredi dernier un fidèle circonstanciel. En prélude à son engagement à la course présidentielle, Bio Tchané était à l’évêché pour recevoir une bénédiction solennelle. Comme si celle de Mgr Agbachi ne suffisait pas, Bio Tchané a sollicité et obtenu du pasteur Bara Sounon les mêmes grâces. A la mosquée centrale où l’attendait une foule de militants, le rituel fut le même. En bon musulman pratiquant, Bio Tchané a participé à la prière du vendredi. Il a fait sa profession de foi. La tolérance religieuse est son crédo. Pour ne pas s’attirer la colère des mânes de nos ancêtres, un passage obligé dans les couvents s’impose. C’est aussi cela l’équité quand la politique s’invite à l’autel de la religion.

Edgard Zinsou
Journal NOUVELLE EXPRESSION 09/08/10
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