Jackie Selebi a montré "le mauvais exemple", selon le juge
Rendant son jugement, le magistrat s’est montré particulièrement dur vis-à-vis de Jackie Selebi qui était poursuivi pour corruption et collusion avec des milieux du crime organisé.
Ses anciens compagnons de lutte sous l’apartheid ont en vain tenté de plaider les circonstances atténuantes, en mettant en avant sa contribution dans la lutte contre l’apartheid.
"Je suis d’avis que la condamnation de quinze ans est appropriée dans ce cas". En conséquence, a conclu le juge, avant d’ajouter que ‘l’accusé est condamné à 15 ans fermes".
Meyer Joffe a eu des mots très durs à l’endroit du prévenu. A la barre, a estimé le magistrat, celui qui était à la tête de la police sud-africaine au moment de son inculpation s’est comporté de façon indigne, allant jusqu’à fabriquer des fausses vérités pour sauver sa tête.
"Monsieur Selebi vous étiez une honte à la barre. Premièrement, vous étiez une honte pour le poste que vous avez eu à occuper. Deuxièmement, vous avez aussi dû être la honte de ceux qui vous ont nommés à ce poste", a déclaré le magistrat sud-africain.
L’accusé n’a aucune notion de la vérité, a, enfin, lancé le magistrat avec dégoût avant de rejeter le plaidoyer pour des circonstances atténuantes.
Depuis vendredi, en effet, plusieurs hauts cadres de la police et d’anciens camarades de lutte sous l’apartheid ont défilé à la barre pour plaider pour des circonstances atténuantes, une peine avec sursis ou même une condamnation à payer une forte amande.
Mais le juge Meyer Joffe a estimé que justement parce qu’il est une personnalité respectée, Jackie Selebi se devait d’avoir un comportement exemplaire.
"Les hommes sous vos ordres vous voyaient comme un exemple" à suivre, et c’est "le mauvais exemple" que vous avez montré et c’est pourquoi "votre condamnation doit être un message" fort à l’endroit de tous ceux qui gèrent les affaires publiques, a tranché le juge.
Mieux, a ajouté le magistrat, monsieur Selebi n’a jamais manifesté le moindre remord depuis son inculpation en 2008, alors même qu’il était encore directeur général de la police.
Jackie Selebi est donc devenu la première personnalité publique de ce rang à être convaincu de corruption depuis la fin de l’apartheid.
Son avocat a fait appel du jugement mais les observateurs estiment qu’il s’agit juste d’un sursis avant que l’homme de 60 ans ne rejoigne définitivement la prison.
Une bien triste fin, remarque les analystes, pour cet ancien cadre de l’ANC qui a occupé plusieurs postes de responsabilité dans son pays de même qu’aux Nations Unies.
Said Penda
BBC Afrique, Johannesburg
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