mercredi 3 mars 2010

Togo - Veillée d'armes avant le scrutin présidentiel

(Courrier International 03/03/2010)
Pour l'élection du 4 mars, les candidats sont allés à la pêche aux voix. Mais la plupart d'entre eux ne bénéficient pas de la force de frappe de Faure Gnassingbé, le président sortant, dont l'ombre a plané sur toute la campagne.
Le 2 mars 2010 à minuit, la campagne électorale pour la présidentielle togolaise s'est achevée. Pendant deux semaines, les sept candidats sont allés à la pêche aux voix. Comme partout en Afrique en pareil cas, le candidat président émerge du lot. Faure Gnassingbé mène sa campagne à l'américaine en voyageant par hélicoptère avec une escouade de porte-parole. Alors que les autres présidentiables, exceptés Jean Pierre Fabre et Me Yawovi Agboyibo, ont fait une campagne plus modeste.
Le Togo ne déroge pas à cette règle quasi immuable sous les tropiques. Va-t-on confirmer également cette autre loi politique qui veut qu'un chef d'Etat sortant organise toujours des élections pour les gagner ? En attendant, c'est bien le candidat du RPT [Rassemblement du peuple togolais], Faure Gnassingbé, qui a sillonné le pays en hélicoptère. Ces derniers jours, il s'est rendu au centre du Togo, où il a axé son discours de campagne sur la réconciliation des Togolais, divisés par un système qui a écrasé le pays pendant quarante ans.
Candidat mais également président en exercice, Faure Gnassingbé reste donc garant de la sécurité du pays. Il n'a pas manqué d'appeler ses compatriotes à voter dans le calme et la paix, tout en mettant en garde ceux qui ont fait de la violence leur thème de campagne : "Je ne permettrai pas qu'une goutte de sang soit versée ou qu'une vie soit perdue, même au nom de l'alternance", a-t-il déclaré. Un avertissement à l'endroit de ceux qui ont pour slogan "L'alternance ou la mort", tel le Mouvement citoyen pour l'alternance (MCA), créé le 17 octobre 2008 afin de pallier aux "insuffisances de l'opposition qui n'a pas de stratégie de défense de sa victoire", selon un de ses responsables Fulbert Atisso.
Jean-Pierre Fabre, président de l'Union des forces de changement (UFC), a essayé de ratisser large. D'emblée, il peut compter sur la région du Sud, où se situe Lomé, la capitale, fief naturel de l'opposition et de l'UFC. Sans oublier que des partis et mouvements comme Sursaut Togo, de Koffi Yamgnane, regroupés au sein du Front républicain pour l'alternance et le changement (FRAC), ont cherché à convaincre tous les Togolais de s'unir, le 4 mars, derrière le candidat Fabre.
Ainsi l'"Obama togolais", comme l'appellent ses partisans, était récemment à Badou, dans la région des Plateaux, où il a mis l'accent sur l'incapacité du pouvoir en place à combler les attentes des Togolais. "Ce mandat de Faure sera un mandat de trop. Nous avons été dans des zones réputées favorables au régime mais ce que nous avons vu comme mobilisation prouve le contraire", a-t-il affirmé. A Tchégué, où était ces derniers jours Agbéyomé Kodjo, patron de l'Organisation pour bâtir dans l'union un Togo solidaire (OBUTS), le ton était aux philippiques contre le pouvoir de Gnassingbé. "Là où Faure offre des coupe-coupe, nous offrirons des tracteurs aux populations", a martelé le candidat Kodjo. D'autres candidats, telle Brigitte Adjamagbo-Johnson, de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), Bassabi Kagbara, du Parti démocratique panafricain (PDP), et Nicolas Lawson, du Parti du renouveau et de la rédemption (PRR), sont aussi en état de veille. De même que la Force de sécurité de l'élection présidentielle (FOSEP), tant ce scrutin est à haut risque.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana . L'Observateur Paalga
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