mardi 2 mars 2010

Rwanda - "Agathe Habyarimana a un rôle occulte dans le génocide"

(L'Express 02/03/2010)
Les rebelles du Front Patriotique du Rwanda, le parti de Kagamé, devant les débris de l'avion du président de l'époque, Juvenal Habyarimana, tué dans cet accident en 1994. Sa mort a été le déclencheur du génocide.
Alain Gauthier consacre sa vie à la chasse aux génocidaires rwandais. Il revient sur l'arrestation ce mardi d'Agathe Habyarimana, accusée d'être l'un des cerveaux de l'extermination des Tutsis.
Etes-vous à l'origine de la plainte déposée contre Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais, assassiné en 1994?
Oui. C'est notre Collectif pour les victimes du génocide qui a préparé et déposé la plainte, le 13 février 2007. Aujourd'hui, 16 de nos plaintes contre des responsables du génocide des Tutsis, réfugiés en France, sont dans les mains des juges parisiens.
Qu'est-ce qui est reproché à Agathe Habyarimana?
Elle est la chef de file de l'"Akazu", ce terme rwandais qui signifie "petite maison", mais qui désigne en réalité le cercle de Hutus extrémistes opposés aux accords d'Arusha. (Ces accords prévoyaient la réconciliation et le partage du pouvoir entre le gouvernement hutu et l'opposition tutsie, exilée et menée par Paul Kagamé, l'actuel président du Rwanda, Ndlr). Son frère, connu sous le pseudo Monsieur Z. participait à cet Akazu.
Par ailleurs, la Commission du recours aux réfugiés lui a refusé en 2007 l'asile politique en France. Il s'agit là d'un véritable acte d'accusation.
Pourquoi l'instruction a-t-elle tardé à procéder à son arrestation?
Agathe Habyarimana a un rôle occulte dans le génocide. Elle s'est toujours retranchée derrière son statut de faible femme. Mais on sait qu'elle a participé à des réunions précédant la mise en oeuvre du génocide. De plus, elle est sans papiers, contrairement à ses compatriotes exilés en France, qui ont, pour la plupart, obtenu le statut de réfugiés.
Des soupçons planent quant à son éventuelle implication dans l'assassinat de son mari...
Lorsque Juvenal Habyarimana s'est retrouvé contraint de participer aux accords d'Arusha en 1993, sa femme s'est engagée dans un processus d'opposition violente à cette politique. A l'annonce de sa mort le 6 avril 1994, l'une de ses premières réactions a été d'appeler à la vengeance et de vouloir lancer l'extermination des Tutsis.

Par Annabel Benhaiem, publié le 02/03/2010 à 13:56 - mis à jour le 02/03/2010 à 15:09
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