mardi 2 mars 2010

RDC - Depuis le week-end dernier, la guerre à l’Equateur : Les Enyele ont occupé la localité de Makanza

(L'Avenir Quotidien 02/03/2010)
*Le gouvernement provincial qui confirme l’occupation, minimise l’attaque estimant qu’il s’agit d’éléments résiduels délogés de Bomongo qui ont occupé Makanza. *L’occupation de Makanza s’est faite sans combats pour la simple raison qu’il n’y avait pas une présence significative de la police et de l’armée nationale. *Le gouvernement provincial rassure l’opinion que des dispositions sont prises pour éviter que la présence des insurgés à Makanza perturbe le trafic sur le fleuve Congo.
Le gouvernement avait annoncé la pacification du Sud-Ubangi. Les combattants Enyele dispersés, étaient donnés vulnérables. On était loin de penser qu’ils pouvaient reprendre la guerre après la débâcle de Dongo. Il nous revient, de la source de la Radio Okapi que les insurgés Enyele ont occupé depuis le week-end, la cité de Makanza sur la rive droite du fleuve Congo. Cette occupation aurait eu lieu sans combats. Les Enyele ont profité de l’absence militaire dans cette cité située à 200 Km de Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur, pour l’occuper sans coup férir.
Par rapport au fleuve Congo, Makanza se situe non seulement en amont de Mbandaka, mais aussi sur la rive opposée. A notre avis, compte tenu de la situation récente dans la province et du nombre important des réfugiés déversés au Congo Brazzaville, cette cité méritait une sécurité particulière et donc une présence militaire dissuasive. Cette nouvelle de l’occupation de la cité de Mankanza courrait vers la fin de la semaine dernière comme une rumeur qu’aucune source officielle ne démentait. Finalement, apprend-on de la Radio Okapi, le gouvernement provincial de l’Equateur a confirmé la nouvelle par Rebecca Ebale, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement provincial.
Pour la ministre provinciale de la Communication, il s’agirait des éléments résiduels que les Fardc avaient délogés dans le territoire voisin de Bomongo. Apparemment, le gouvernement provincial de l’Equateur minimise l’attaque. Il estime que les assaillants pourraient entendre raison et se rendre sans autre forme de procès. Est-ce dire que jusqu’à présent aucune intervention militaire n’est en cours pour déloger les assaillants ?
Ce n’est ce que semble dire la porte-parole du gouvernement provincial. Car, pour elle, il est certes question d’éviter un carnage inutile. Et c’est pour cette raison, a poursuivi la ministre provinciale, il est demandé purement et simplement aux assaillants de déposer les armes et à la population de se désolidariser d’eux. Et Mme Rebecca Ebale de poursuivre : " Nous confirmons la présence des insurgés Enyele dans le territoire de Makanza depuis le samedi dernier. Ils sont entrés sans combats avec l’armée nationale qui, du reste, il faut signaler, n’a pas une forte présence dans cette cité, de même que la police nationale. Il s’agit en fait des insurgés en fuite de Bomongo où ils sont chassés par les forces loyalistes. Donc, bien qu’étant à Makanza, ils ne sont pas structurés et vu les dispositifs qui sont en train d’être mis en place pour leur traque, nous leur lançons un ultimatum et leur demandons de désarmer et de se rendre à l’armée nationale pour éviter de se faire déloger de force ".
Un sermon dans le désert
Il est vrai que les Enyele dont la seule évocation provoque une peur-panique parmi les habitants de l’Equateur se sont lancés dans une aventure sans lendemain. Mais, il faut se rendre à l’évidence qu’ils n’écouteront pas l’appel au désarmement leur lancé par le gouvernement provincial. L’autre vérité c’est que, les populations de Makanza n’ont pas de choix. Leur demander de se désolidariser des assaillants, c’est vouloir nous dire qu’on aurait affaire à des enfants de chœur qui pourraient demander la volonté des populations occupées. Sans jouer à l’oiseau de mauvais augure, nous pouvons dire que no seulement les populations de la localité n’ont d’autre choix que d’obéir aux assaillants, sinon d’aller en exil, mais aussi, ils vont connaitre des tueries ciblées.
Le carnage que l’on veut éviter, on l’aura d’une manière ou d’une autre d’autant plus que, dans leur position d’hommes traqués, les Enyele se méfient de tout et surtout des hommes pouvant se tourner contre eux. La seule façon d’éviter le carnage aurait été d’empêcher ses hommes sans loi ni moral de prendre position dans la cité et de s’y installer. Ce qui, au finish demanderait aux Fardc plus de temps et de tact pour les déloger. Autant qu’ils ont attaqué par surprise, autant ont devrait leur démontrer que rien n’était laissé au hasard pour assurer la sécurité de cette partie du territoire national. Les Fardc ne devraient pas se poser des questions pour attaquer ces assaillants dans la mesure où, ils ne constituent plus une équation à plusieurs inconnues.
La part de la justice et de la politique
La tournée du Chef d’Etat-major des Fardc dans cette partie du territoire national avait démontré une certaine implication de certains dignitaires de la province dans cette guerre. Le lieutenant-général, Didier Etumba n’avait pas mis sa langue en poche à ce sujet. Il revenait aux politiques et surtout à la justice d’agir. Malheureusement rien à notre connaissance n’est entrepris dans le sens de décourager tous ces pêcheurs en eau-trouble.
Pour revenir à l’occupation de la cité de Makanza, il faut craindre que cela perturbe le trafic sur le fleuve Congo. Telle situation pourrait avoir une incidence négative sur l’économie de la province et donc du pays. Le gouvernement provincial se veut rassurant en annonçant des mesures pouvant garantir le trafic sur le fleuve. On voudrait bien le croire. Mais cela ne sera vraiment possible que si encore une fois, les Fardc se préparent à donner une bonne leçon de civisme à ces aventuriers.

Joachim Diana G.
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