mardi 2 mars 2010

Cote d'Ivoire - Nouveau gouvernement, Cei: Pari réussi pour Soro•Comment Gbagbo a soutenu le Premier ministre

(L'Inter 02/03/2010)
Son jeune âge et son ‘’ inexpérience politique ‘’, si on peut le dire, n’auront rien enlevé à sa capacité de gérer des crises. L’affaire de fraude portant sur les 429000 pétitionnaires de la liste électorale, qui a secoué le gouvernement et la commission électorale indépendante (Cei), l’a aisément démontré. Guillaume Soro, dans le magma politique ivoirien, et face aux dinosaures qui l’ont vu grandir politiquement, et même physiquement, a su tirer son épingle du jeu. Accroché à sa signature apposée au bas des accords, et à son idée de consensus autour de toutes les questions, le secrétaire général des Forces nouvelles a pu contenter chaque camp dans cette crise où les positions étaient radicales. En effet, le 12 février 2010, le chef de l’Etat a pris la mesure de dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante. Il a reconduit le Premier ministre Guillaume Soro, à qui il a enjoint de lui proposer un nouveau gouvernement sans des ministres aux ordres des partis politiques, en 72 heures (le lundi 15 février), et une commission électorale indépendante, une semaine après. Cette décision a donné lieu à toutes sortes de commentaires. Certains y ont vu une volonté du chef de l’Etat de régler les comptes à la coalition de l’opposition. Gbagbo mettrait ainsi les armes entre les mains de Guillaume Soro pour casser l’opposition. D’autres y ont perçu cependant le début de la séparation entre le chef de l’Etat et le Premier ministre. Le tandem Gbagbo-Soro, qui a survécu à toutes les crises depuis la signature de l’accord politique de Ouagadougou, était voué à voler en éclats. A l’arrivée, ni l’un ni l’autre de ces prévisions ne se réalisera, bien que dans cette crise, Guillaume Soro se soit retrouvé entre le marteau et l’enclume, et risquait de ‘’ se griller ‘’ politiquement. ‘’ Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer ‘’ Pour échapper à ce coup politique, le secrétaire général a fait sien ce célèbre proverbe baoulé qui dit que ‘’ quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer ‘’. En d’autres termes, lorsqu’on te confie une mission avec des objectifs à atteindre, il faut exécuter cette mission, selon ses propres démarches et méthodes, tout en ayant pour souci d’atteindre l’objectif fixé. C’est ce que le Premier ministre a dû faire. La pression qu’il a subie avec la volonté du chef de l’Etat d’obtenir un nouveau gouvernement en trois jours, ne lui a pas fait perdre de vue la nécessité d’intégrer tous les acteurs dans le processus. D’où les consultations qu’il a menées afin d’avoir dans l’équipe gouvernementale, toutes les composantes du monde politique ivoirien, conformément à l’accord politique de Linas Marcoussis. ‘’ Ce gouvernement est conforme aux accords ‘’, avait-il dit, répondant à tous ceux qui réclamaient le respect des accords dans la conduite du processus et la gestion de la crise. Soro n’a pas voulu s’en écarter, soulageant ainsi l’opposition. Le camp présidentiel ne comprenant pas trop cette démarche du Premier ministre, avait commencé à grogner en sourdine, le soupçonnant de faire le jeu du Rhdp. Cependant, le respect des accords n’a pas empêché Guillaume Soro d’atteindre les objectifs que lui avait fixés son patron Laurent Gbagbo. A savoir obtenir le retrait des ministres qui font la politique et qui ne sont pas solidaires de l’action gouvernementale d’une part, et d’autre part, trancher la tête de Beugré Mambé à la Cei. Du coup, le camp présidentiel a son compte et continue de faire confiance au Sg des Forces nouvelles. Le coup de pouce de Gbagbo Dans cette bataille entre le chef de l’Etat Laurent Gbagbo et l’opposition, le Premier ministre Guillaume Soro a bénéficié d’un soutien important. Alors qu’il avait exigé de lui un gouvernement dans les 2 jours qui suivaient sa déclaration, le président Gbagbo a laissé à son Premier ministre le temps et le choix de la méthode. Le chef de l’Etat qui avait souhaité ne plus travailler avec des ministres marqués politiquement, a cependant laissé libre court à Guillaume Soro d’aller consulter les partis politiques de l’opposition. ‘’ Le président Gbagbo a été très patient, et puis il n’a pas empêché le Premier ministre de travailler. Tout ce qu’il a voulu faire, le président lui a donné son feu vert ‘’, a souligné un proche de Guillaume Soro. Selon cette source, toutes les fois que les discussions coinçaient, le Premier ministre a requis et obtenu des concessions de la part du chef de l’Etat. Cette saine collaboration entre le Premier ministre et le président Gbagbo lui a permis d’être à l’aise dans la gestion de cette crise.

mardi 2 mars 2010 par Hamadou ZIAO
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