Cote d'Ivoire - Liste électorale: Voici la bataille qui se prépare

(Soir Info 02/03/2010)

La révision de la liste électorale, après le rétablissement et la recomposition de la CEI (commission électorale indépendante), cap maintenant sur les grands chantiers qui attendent le nouveau président, Youssouf Bakayoko. Au cœur de ce vaste chantier, la liste électorale provisoire de 5,3 millions d’inscrits qui serait « truffée de fraudeurs ». Le camp présidentiel qui avait introduit une procédure de radiation de personnes, dont il contestait nationalité ivoirienne, veut reprendre la main. La bataille qui se prépare, c’est « le nettoyage » de la liste électorale. L’enjeu, une liste « synthétique ». Il s’agira, au travers d’une mise à plat totale de la liste, d’extirper « tous les fraudeurs » qui s’y sont inscrits. Le Facilitateur, lors de son passage à Abidjan le lundi 22 février 2010, avait émis le souhait que la liste électorale soit « revisitée ». « Les parties se sont accordées aussi pour recomposer la Commission électorale indépendante... Ce qui va nous permettre de travailler très rapidement sur la qualité de la liste électorale, selon le mode opératoire prescrit, mais surtout d’accomplir les autres tâches qui vont permettre de fixer très rapidement une échéance pour cette année », avait affirmé Blaise Compaoré. Prenant le Facilitateur au mot, le camp présidentiel se prépare à une épreuve de force pour reprendre, dès que seront relancées les procédures de contestation des nationalités de certains votants. Cette échéance se présente comme "la vraie bataille ». Les partisans du candidat du Fpi et de la majorité présidentielle ont d’ailleurs recommencé à donner de la voix, exigeant une liste "nettoyée" des "fraudeurs" à la nationalité. « Les radiations des fraudeurs vont se poursuivre. Et ce n’est pas Youssouf Bakayoko (nouveau président de la CEI) qui va s’opposer », nous a dit hier, un proche du chef de l’Etat que nous avons joint au téléphone. Fable de nourrice ? En tout cas, notre interlocuteur s’est voulu sans équivoque, quant à la volonté du camp présidentiel d’élaguer la liste électorale provisoire de 5,3 millions d’inscrits déjà validée par l’Ins (institut national de la statique), Sagem sécurity, les acteurs politiques et l’Onuci. « La liste sera nettoyée. Elle sera désinfectée de tous les faux Ivoiriens. Il y va de l’avenir de notre pays. De l’avenir de nos enfants et de la souveraineté de nos institutions. Le pays est menacé dans ses fondements », a-t-il ajouté, sous le couvert de l’anonymat. « S’il doit y avoir une nouvelle crise, il faut bien qu’elle advienne et nous sommes prêts à l’affronter. Mais jamais nous n’irons aux élections avec une liste dont des personnes qui la composent sont des étrangers », a-t-il insisté. Le président Gbagbo accusant la CEI de "fraude" et de "manipulation" dans le traitement des contentieux sur la liste électorale provisoire, avait dissout cette institution. Mais déjà, des manifestants protestant contre des radiations de votants, notamment à Vavoua, Daloa, Man, Katiola, Bouaké, Korhogo, Divo, de la liste électorale ont entrainé des destructions de biens publics. C’est ainsi que le 10 février 2010, le gouvernement a suspendu l’opération de contentieux judiciaire. La question est de savoir comment le camp présidentiel entend-il mener son opération de radiation ? Surtout la période du contentieux est arrivée à son terme. Il y aussi que le Facilitateur et le représentant de l’Onu en Côte d’Ivoire ainsi que le Premier ministre Soro Guillaume ont insisté sur la nécessité de la préservation des acquis. Et que si des contestations devraient se faire, qu’elles soient conformément à l’accord de Ouagadougou.

par Armand B. DEPEYLA
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