mardi 2 mars 2010

Cameroune - Immigration : 63 Camerounais expulsés du Gabon

(Mutations 02/03/2010)
Près de 400 immigrés en situation irrégulière viennent d'être reconduits aux frontières.
Pendant plusieurs jours, les éléments de la Direction générale de la documentation et de l'immigration (Dgdi) ont lancé l'estocade contre les immigrés clandestins, et, le moins que l'on puisse dire, c'est que la pêche a été fructueuse. Dans tous les grands carrefours et les lieux névralgiques de Libreville, la capitale gabonaise, ils essaimaient en civil en interpellant toutes les personnes.
Il fallait montrer pâte blanche ou se voir embarquer manu militari dans leur bus. Certains immigrés s'arrangeaient à l'amiable avec des agents pour une rondelette somme de 100.000 Fcfa. Cette opération a installé plusieurs " sans-papiers " dans une psychose permanente. Jusqu'à présent, les rescapés se calfeutrent chez eux dans une peur bleue de se faire prendre. "Je reviens de loin, c'est grâce à une petite fille qui est venue m'informer que les agents du Cedoc arrêtaient les sans papiers, je me suis enfui pendant des heures", affirme Hélène, une Camerounaise âgé de 45 ans et tenancière d'un bar à Libreville.
Rapatriements
Au total, et selon les informations officielles, 358 clandestins ont été interpellés, après leur garde à vue, ils ont été expulsés pour plusieurs motifs : les détenteurs de titres de séjour de courte durée, qui, après expiration, continuent de séjourner au Gabon, ceux qui ne possèdent aucun titre de séjour et certains dont les cartes de séjour expirées depuis longtemps sans être renouvelées. Ainsi, 63 Camerounais ont été reconduits à la frontière à Kye-Ossi, 80 Maliens, 30 Burkinabé, 26 Guinéens (Conakry), 21 Nigérians, 20 Nigériens, 17 Togolais, 15 Béninois, 8 Sao toméens, 4 Congolais (Brazzaville), 6 Congolais (Kinshasa), 2 Tchadiens, 2 Equato-guinéens et 25 ressortissants d'autres pays.
C'est un navire battant pavillon Saotoméen qui a été réquisitionné par la Dgdi pour débarquer au port de Calabar au Nigeria avec 231 Ouest africains. Seuls les 38 Sénégalais devraient bénéficier du confort de l'avion grâce aux dispositions prises par les autorités de leur pays. Selon toute vraisemblance, cette opération ne serait qu'un prélude à d'autres actions d'envergure qui viseraient à expurger le pays de la "vermine" que constituent pour les autorités gabonaises le nombre très élevé des clandestins. D'ailleurs des mesures ont déjà prises à cet effet: tous ceux qui ont bénéficié d'un visa court séjour ne peuvent plus prétendre à une carte de séjour, tout comme des personnes âgées de 60 ans ne verraient pas leur titre de séjour renouvelé. Pour la plupart, débrouillards, ont du mal à débourser la rondelette somme de 500.000 Fcfa pour se faire délivrer la carte de séjour. "Quand j'aurai réuni cette somme, je plierai bagage pour le pays car j'aurai un fonds de commerce", affirme Jules Deffo dans une hilarité plutôt étonnante.

A.G. Banass (Correspondance particulière), depuis Libreville
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