mardi 2 mars 2010

Cameroune - Deux journalistes détenus en février soumis à des "actes barbares de torture"

(Le Monde 02/03/2010)
Deux journalistes de la presse privée camerounaise, détenus pendant une semaine en février par les services secrets, ont été soumis à des "actes barbares de torture" , affirme le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) dans un communiqué.
Simon Nko'o, reporter à l'hebdomadaire Bebela, et Serge Sabouang, directeur de publication du bimensuel La Nation, ont été détenus du 5 au 12 février dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieur (DGRE, renseignements).
Libéré le 12 février, M. Sabouang a été à nouveau arrêté le vendredi 26 par la police judiciaire (PJ), a appris lundi l'AFP auprès d'un membre de la PJ qui a requis l'anonymat.
Pendant leur séjour à DGRE, spécialisée dans le renseignement, les deux hommes ont "été soumis à de nombreux actes barbares de tortures", déclare le SNJC.
Leur "sommeil était interrompu la nuit pour la chambre de tortures où l'on +traite+ les détenus jusqu'au petit matin" par des "coups de barres de fer (...) sur la plante des pieds entraînant blessures et ecchymoses", explique le SNJC, dénonçant "une sauvagerie d'un autre âge".
Les deux journalistes étaient passés "à la +balançoire+", c'est-à-dire "ligotés" pieds et poings à une barre et frappés. En détention, ils étaient "entièrement nus". Leurs cellules, "sans ouvertures extérieures" et "anormalement froides", étaient "éclairées en permanence de projecteurs pour (les) priver de sommeil", selon le SNJC.
D'après le syndicat, la nourriture apportée par leur famille était consommée par les gardes, Leur alimentation consistant de "quelques bananes et deux comprimés de paracétamol".
Des séquelles de ces traitements étaient visibles chez M. Nko'o à sa libération, a dit la même source, évoquant "un effondrement psychologique évident caractérisé par des regards craintifs, des silences prolongés, une démarche claudicante" et une "perte de toute notion du jour ou de nuit".
Aucune indication n'a été fournie pour M. Sabouang.
Selon la directrice du journal Bebela, Henriette Ekwé, il leur était reproché de détenir "des documents compromettants pour des personnalités de la République, dont le secrétaire général de la présidence Laurent Esso".

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